Il n'a d'abord pas cru cela possible. Puis Jean-Luc Mélenchon a réalisé qu'il était bel et bien visé par Pierre Laurent dans une interview à Libération publiée le 21 août. Ce vendredi, le leader du Front de gauche s'est donc dit dans un premier temps "très déçu" par le secrétaire national du PCF lors d'une conférence de presse puis lui a adressé un message "ferme" lors de son discours de clôture du "Remue méninges" du Parti de gauche :
Je dis à mon camarade Pierre Laurent (...) : on ne gagne rien au rôle de tireur dans le dos.
Nous avons un devoir entre nous, le Front de gauche appartient aux 4 millions de personnes qui ont voté pour lui. Ils nous créent un devoir de respect mutuel et de solidarité. Les hommes et les femmes qui le constituent ne supporteront pas des compétitions d’égo.
Et s'il ajoute qu'il n'a "jamais formulé une critique à l'encontre d'un de ses camarades" et qu'il conseille à ceux qui voudraient le faire de le dire "en particulier", Jean-Luc Mélenchon poursuit devant la presse et 2.000 militants :
Il y a quelque chose que je ne peux pas accepter et il est absurde d’y concourir par ses propres erreurs de com’.
Non, il n’est pas vrai qu’il y a d’un coté le méchant parti de gauche jusqu’au-boutiste et de l’autre le PC prêt de répondre au claquement de doigt au PS.
Un peu plus tôt, devant la presse, il expliquait avoir découvert que Pierre Laurent l'avait critiqué dans une interview :
Je suis très déçu. Je pensais qu'elle (la phrase de Pierre Laurent, NDLR) s'adressait à Harlem Désir.
Et ajoutait que son accolyte, en le critiquant, a "répondu aux injonctions d'Harlem Désir" :
Depuis mon départ du PS, les dirigeants socialistes n'ont pas cessé un seul mois d'avoir recours à l'invective contre moi (...) Vous comprendrez que dans ce contexte j'ai si mal vécu que Pierre Laurent réponde de manière quasi instantanée, dans un garde-à-vous si impeccable, aux injonctions d'Harlem Désir.
La veille encore, sur France 2, Jean-Luc Mélenchon était persuadé que les critiques de Pierre Laurent ne le visaient pas. Comme Le Lab l'a raconté ici, il a assuré à son intervieweur :
Cette phrase ne me concerne pas, vous l'aurez mal lue, monsieur Bornstein [nom de son intervieweur, NDLR], elle concerne monsieur Harlem Désir qui m'a insulté gravement.
Râté. Pierre Laurent parlait bien de lui, regrettant sa façon de provoquer et d'invectiver les socialistes, comme lorsqu'il affirme dans le JDD que Marine Le Pen a "contaminé" Manuel Valls :
Pour convaincre, nous ne devons pas confondre la colère et la radicalité nécessaire avec la provocation et l'invective.
Edit 20h05 avec déclarations de Jean-Luc Mélenchon lors de son discours.