L'affaire Pigasse met en lumière les tensions entre Moscovici et Montebourg

Publié à 11h38, le 01 septembre 2012 , Modifié à 11h46, le 01 septembre 2012

L'affaire Pigasse met en lumière les tensions entre Moscovici et Montebourg
Pierre Moscovici, Matthieu Pigasse et Arnaud Montebourg (montage via Maxppp)

"Quand on appartient à un gouvernement, il faut se la jouer solidaire". Voilà le message de Pierre Moscovici à Arnaud Montebourg ce 1er septembre dans Le Monde.

La mission confiée à la banque Lazard, dirigée par Matthieu Pigasse, pour accompagner Bercy dans la création de la Banque publique d'investissement (BPI) a des effets collatéraux : elle met en lumière les tensions entre le ministre de l'Economie et celui du Redressement productif.

La polémique avait pourtant démarré autour de soupçons de conflit d'intérêts [Arnaud Montebourg a-t-il choisi Matthieu Pigasse parce qu'il a embauché sa compagne à la tête des Inrocks ?]. En ce 1er septembre, l'affaire est différente. Elle se concentre sur la difficile cohabitation Moscovici/Montebourg.

  1. "Je ne peux pas laisser dire que cette banque serait faite par les banquiers"

    Sur Europe 1

    François Hollande m’a demandé de faire en sorte que cette banque publique d'investissement [BPI] voit le jour très vite. Je tiendrai, moi, ce rythme.

    Qu'on se le dise, c'est Pierre Moscovici qui a la main sur le dossier Lazard, cette banque choisie pour accompagner la création de la BPI, la banque publique d'investissement promise par François Hollande durant sa campagne.

    Il le répète sur tous les tons le 31 août sur Europe 1 : c'est sa mission, son ministère qui pilote les opérations. Et retire ainsi à Arnaud Montebourg toute responsabilité dans le choix de la banque.

    Pourquoi cette précision ? Parce que depuis un article du Nouvel Observateur du 30 août, des soupçons de conflit d'intérêts pèsent sur le ministre du Redressement productif. Certains l'accusent d'avoir privilégié la candidature de Matthieu Pigasse et de sa banque Lazard pour la BPI. Matthieu Pigasse qui se trouve également être le patron des Inrockuptibles, employeur d'Audrey Pulvar ... la compagne du ministre.

    Faux et archi faux répète Arnaud Montebourg. Afin de montrer qu'il n'y est véritablement pour rien, il va jusqu'à vivement critiquer le choix de la banque Lazard  le 31 août, lors de l'université d'été du Medef :

    Je regrette que cette décision ait été prise [...].

    Je ne la connaissais pas, je l'ai découverte, donc vous comprenez que je ne suis pas très content.

    Moi, je pense que c'est une très mauvaise idée.[...]

    Je trouve qu'elle ne peut pas être réalisée par des banquiers, parce que faire une banque qui ressemblerait à d'autres banques, c'est vraiment pas ce que l'on cherche à faire.

    En réagissant ainsi, Arnaud Montebourg a voulu prouver sa bonne foi... mais a sérieusement énervé le responsable du choix de Lazard, son collègue de l'Economie Pierre Moscovici. Dès lors, l'attention se porte sur la querelle entre les deux ministres.

    Pierre Moscovici  ne manque pas de rappeler à l'ordre le responsable du Redressement productif, donnant ainsi l'impression d'une sacrée pagaille entre les deux ministères. Sur Europe 1, il remet les choses en place :

    Ce n’est pas une banque créée pour ou par les banquiers et Arnaud Montebourg n’a absolument pas été impliqué dans ce choix puisque c’est le ministère de l’économie et des finances qui pilote le financement de l’économie, mon ministère.

    Je ne peux pas laisser dire que cette banque serait faite par les banquiers.

    Dans Le Monde du 1er septembre, il ajoute également :

    Quand on appartient à un gouvernement, il vaut mieux la jouer solidaire.

    Ce qui était une polémique autour d'un possible conflit d'intérêt s'est ainsi transformée en mise en lumière des tensions entre l'Economie et le Redressement productif. Comme le rappelle Le Parisien, les deux ministres étaient en concurrence pour le contrôle de la future BPI. C'est finalement Pierre Moscovici qui en a obtenu la garde avec un statut d'"associé" pour Arnaud Montebourg.

Du rab sur le Lab

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