L'amendement provocateur de Jacques Bompard pour autoriser l'avortement chez les hommes

Publié à 17h48, le 20 janvier 2014 , Modifié à 18h05, le 20 janvier 2014

L'amendement provocateur de Jacques Bompard pour autoriser l'avortement chez les hommes
Jacques Bompard discutant avec Gilbert Collard à l'Assemblée nationale (Maxppp).

Jacques Bompard, député-maire d'Orange, fondateur de la Ligue du Sud, parti proche du Front national, a déposé une série d'amendements pour s'opposer au projet de loi sur l'égalité entre les femmes et les hommes. Il revient notamment sur la réécriture de la loi Veil sur l'IVG pour proposer d'inscrire l'avortement dans la loi ... mais pour les hommes.

Dans l'exposé des motifs de son amendement , Jacques Bompard explique ainsi :

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Le principe d'égalité femme-homme était mis à mal dans l'alinéa initial, il fallait le rétablir.

La science ne cessant de progresser, il apparait clairement que la France doit être  à la pointe du progrès social en autorisant aux hommes qui le souhaiteraient l'accès à l'avortement et à la contraception remboursée, à l'image de ce qui existe pour les femmes.

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Un "raisonnement par l'absurde" explique le député au Lab dans la suite de son combat contre le mariage homosexuel. En janvier 2013, il avait également déposé plusieurs amendements provocateurs comme le fait d'ouvrir le mariage "à plusieurs personnes ".

Derrière ces amendements apparemment loufoques se trouve une très forte opposition de l'élu à tout ce qu'il considère comme contrevenant aux "lois naturelles". Pas naturel pour lui les personnes, "surtout les homosexuels masculins", qui veulent "permettre aux hommes d'enfanter" :

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Le fait que l'homme ne puisse pas donner la vie les heurte. L'anormalité du dossier ne les inquiète pas. Moi je combats cette philosophie.

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Son amendement est une façon de revenir sur ce sujet par la petite porte: puisqu'ils veulent "enfanter", autorisons-les à avorter, explique-t-il en substance.

Son opinion sur le droit à l'avortement est tout aussi radicale. Là encore, à ses yeux, interrompre sa grossesse contrevient aux "lois naturelles". Et Jacques Bompard de lancer au Lab :

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On ôte la vie à 200.000 enfants par an depuis la loi Veil de 1975 ... depuis, ça fait des millions de citoyens français qui sont allés à l'incinérateur .

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Le député dit "concevoir, lorsqu'une femme est en danger" qu'elle veuille avorter, mais précise immédiatement qu'il "ne dit pas qu'il est pour". Son seul principe, répété tout au long de son argumentaire, est de suivre "les lois naturelles" :

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La femme n'est pas maître de son corps, l'homme n'est pas maître de son corps... on est soumis aux lois naturelles. (...)

On ne peut pas ne pas obéir aux lois naturelles, la nature se venge toujours.

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Et de prendre pour preuve de cette nature vengeresse, "ces femmes de 35 ans qui ne peuvent plus avoir d'enfant" et regrettent de ne pas "en avoir fait plus tôt" : "c'est une forme de vengeance de la nature, on n'a pas le droit de tout faire."

Jacques Bompard ne sait pas s'il veut citer en exemple la réforme espagnole qui est revenue sur le droit à l'avortement , car il "ne sait pas exactement ce qu'il y a dedans". Il est en revanche "très défavorable à la loi Veil" et "favorable à ce que soit moins laxiste".

Lors de son discours introductif ce 20 janvier à l'Assemblée, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, porteuse du texte, a au contraire invité les députés mettant en cause notamment le remboursement de l'IVG , à rester dans le "consensus républicain" sur le sujet :

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Restez dans le consensus républicain qui existe depuis 1975. Le droit à l'IVG, nous l'avons construit ensemble, il faut le préserver.

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