#ASTUCE - Et François Hollande parla du Mali. En pleine soirée "le 8 mars, c'est toute l'année" organisée par son ministère des droits des femmes, le chef de l'Etat a fait une digression, en fin de discours, sur les raisons de l'intervention de la France au Mali.
Un détour compris comme une réponse aux critiques de Nicolas Sarkozy rapportées la veille. Au point de devenir l'information à retenir de la soirée.
Mais comment François Hollande a-t-il réussi à glisser cette réponse spécial Mali à son ancien rival ... en plein discours sur l'égalité femmes-hommes ? Le Lab revient sur la pirouette.
20h20 - Le discours s'approche de la fin. Après avoir énuméré les premières avancées de son gouvernement en faveur de l'égalité femmes-hommes et les quatre grandes directions à prendre dans les mois à venir, François Hollande décide de parler "international".
Suivant le bon vieux modèle dit de l'"entonnoir", il va aborder les combats féministes dans le monde, assurer que la France s'opposera toujours aux pays qui bafouent les droits des femmes, puis glisser sur l'état de ces droits au Mali ... jusqu'à sortir totalement du sujet et défendre purement et simplement l'intervention militaire de la France.
Voyez plutôt :
Notre combat ne se limite pas aux frontières nationales, c’est aussi un combat européen. Il y a là encore beaucoup à faire, en France et pour que la France soit aussi à l’initiative de textes à l’échelle de l’Europe.
Il y a ce combat que nous devons porter car nous sommes la France, la France qui défend la liberté, la dignité des femmes. Nous ne pouvons pas accepter, et nous ne l’accepterons pas, que l’on puisse interdire à des femmes de s’instruire, de se soigner, de choisir un conjoint, de divorcer. (…)
Ceux qui se comportent ainsi trouveront toujours la France devant eux.
Et si certains s’interrogent pour savoir pourquoi la France est au Mali, c’est parce qu’il y avait des femmes victimes de l’oppression, de la barbarie ! Des femmes à qui l’on mettait le voile sans qu’elles l’aient elle-même demandé. Des femmes qui ne pouvaient plus sortir de chez elles, qui étaient battues parce qu’elles voulaient être libres !
C'est là que la transition s'opère. François Hollande s'écarte du thème purement "droit des femmes" pour parler de l'intervention du Mali en général :
Si certains s’interrogent pour savoir pourquoi nous sommes au Mali, c’est parce que nous voulons lutter contre le terrorisme, contre la barbarie, le fondamentalisme. C’est parce que nous voulons la liberté religieuse.(…)
Si certains s’interrogent pourquoi sommes-nous au Mali c’est parce qu’un président légitime nous a demandé d’y venir. Un président qui avait comme obligation et qui la respectera d’organiser des élections.
Selon des propos de l'ancien président rapportés par Valeurs actuelles le 7 mars, Nicolas Sarkozy est très critique envers l'opération militaire au Mali, arguant qu'on "ne va jamais dans un pays qui n'a pas de gouvernement" :
Que fait-on là-bas? Sinon soutenir des putschistes et tenter de contrôler un territoire trois fois grand comme la France avec 4000 hommes.
En partant de l'obligation de la France à défendre les droits des femmes dans le monde, François Hollande a donc réussi à rappeler à la fin de son déroulement qu'un "président légitime" lui avait demandé son aide au Mali. Et à répondre indirectement à Nicolas Sarkozy.