La justice annule la suspension de Jean-Marie Le Pen du Front national

Publié à 14h41, le 02 juillet 2015 , Modifié à 19h31, le 02 juillet 2015

La justice annule la suspension de Jean-Marie Le Pen du Front national
© AFP

ET C'EST REPARTI POUR UN TOUR - Vous pensiez que le feuilleton de la crise au FN était terminé ? Naïfs que vous êtes. Alors que la rupture entre Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen semble consommée, le tribunal de grande instance de Nanterre a annulé, jeudi 2 juillet, la décision du bureau exécutif du FN de suspendre Jean-Marie le Pen de son statut d'adhérent. La justice demande donc que ce statut lui soit rendu.

Cette décision tient à "une question de forme", écrit l'AFP. Le parti "devra rétablir M. Jean-Marie Le Pen dans tous les droits attachés à sa qualité d'adhérent et le cas échéant à celle de président d'honneur", précise le jugement. Les juges ont considéré que cette décision du bureau exécutif de suspendre son président d'honneur "viole les règles statutaires" en ne précisant pas qu'il s'agissait d'une mesure provisoire "dans l'attente de la mise en oeuvre d'une procédure disciplinaire ultérieure" s'apparentant à une "sanction" - en l'occurrence la convocation d'un congrès extraordinaire des adhérents invités à approuver, par voie postale, de nouveaux statuts où la présidence d'honneur ne figure pas.

Dans un communiqué, le FN a annoncé qu'il faisait appel de cette décision. 

Au vu des derniers épisodes de cette série à rebondissements (ici, ici ou encore ), ce retournement de situation devrait faire très moyennement plaisir à la présidente du parti d'extrême droite. Mais cette décision de justice ne règle pas tous les problèmes de Jean-Marie Le Pen.

La question de son statut de président d'honneur du parti qu'il a cofondé voilà plus de 40 ans est toujours en discussion. Les militants frontistes ont en effet jusqu'au 10 juillet pour voter sur les nouveaux statuts du parti.

Joint par Le Lab, le secrétaire général du FN Nicolas Bay minimise la portée de la décision du TGI :

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Ça ne change pas grand-chose à la décision politique puisque la décision annulée est une simple décision conservatoire dans l'attente du vote des adhérents. Celui-ci est en cours. En pratique, cette décision rétablit donc Jean-Marie Le Pen en tant qu'adhérent mais sa suspension ne courrait que jusqu'au 10 juillet, date de proclamation des résultats du vote des adhérents par correspondance. La différence c'est qu'il va pouvoir voter.



Donc oui, il est à nouveau adhérent mais si les militants votent pour la modification des statuts, il ne sera de toute façon plus président d'honneur.

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Mais il sera toujours adhérent. Ce qui rendra un peu plus compliquée la tâche, à laquelle Marine Le Pen s'est attelée depuis des semaines, consistant à dissocier le parti de la sulfureuse figure du "Menhir"... Interviewé sur BFMTV, Florian Philippot a tenté de balayer l'argument selon lequel il faudrait à nouveau comptabiliser la parole de Jean-Marie Le Pen dans le temps imparti au FN :

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Vous savez, dans la tête des gens la séparation est faite et refaite. Dans la tête des gens, il ne parle plus au nom du Front national. [...] Plus personne en France ne considère qu'il parle au nom du Front national.

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Citée par Europe 1, Marine Le Pen a également joué la dédramatisation :

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La réalité, c'est que dans huit jours, les résultats de l'assemblée générale extraordinaire seront rendus publics et donc cela ne change rien à la situation. Cette suspension valait jusqu'à la tenue de l'assemblée générale. Ce n'est donc qu'un baroud d'honneur ! Cela n'aura aucune influence sur les procédures qui sont engagées.

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La décision du TGI est tout de même un sérieux camouflet pour la direction du parti, qui avait suspendu Jean-Marie Le Pen au nom des statuts. La justice estime donc que ceux-ci n'ont pas été correctement appliqués.

Visiblement *assez* content de cette issue judiciaire, Jean-Marie Le Pen a réagi sur Twitter, appelant sans sourciller à l"union" :

[Edit 19h30] Le bureau de Jean-Marie

Dans un communiqué publié dans l'après-midi, Jean-Marie Le Pen réitère son appel aux adhérents du FN à boycotter la consultation sur les statuts du parti qui, selon lui, "illégale". Et de se féliciter de retrouver, dès vendredi, son bureau au siège du FN. Il écrit :

 

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Je retrouverai par conséquent, dès demain vendredi à 11h00, mon bureau au Siège du Front National que j’ai fondé il y a 43 ans. J’y travaillerai, comme je l’ai toujours fait, à la réussite de nos idées, pour la France.

"

Du rab sur le Lab

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