La ministre de la Culture Audrey Azoulay trouve scandaleuse la polémique du FN sur le film "Chez nous"

Publié à 10h44, le 06 janvier 2017 , Modifié à 16h37, le 06 janvier 2017

La ministre de la Culture Audrey Azoulay trouve scandaleuse la polémique du FN sur le film "Chez nous"
Audrey Azoulay. © Capture d'écran Europe 1.

Le Front national n’est pas friand de la contradiction. Surtout quand la contradiction en question est un film sur le Front national. Ainsi plusieurs cadres frontistes se sont insurgés contre le film Chez nous, qu’ils jugent "anti-FN" sans l’avoir vu. Audrey Azoulay non plus ne l’a pas vu. Mais la ministre de la Culture trouve scandaleuse la polémique initiée par le parti de Marine Le Pen.

Invitée d’Europe 1 ce vendredi 6 janvier, Audrey Azoulay estime que cette polémique "montre que le Front national ne change pas". Elle développe :

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Critiquer un film parce qu’il a une vision d’une réalité politique et tout de suite appeler à la censure et crier au scandale, c’est ça qui est scandaleux.

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Cela démontre également, selon la ministre de la Culture et de la Communication, ce qu’est "la vision de l’extrême droite de la liberté d’expression". "C’est une valeur que nous devons défendre deux ans après Charlie Hebdo", poursuit-elle, défendant le genre cinématographique du documentaire politique "qui nous éclaire". Et de conclure :

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Nous sommes dans un pays de liberté, il y a eu de grands films politiques. Ce sont des films qui nous sont utiles et qui sont bienvenus.

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A voir en vidéo :


Le film en question ne sortira que le 22 février prochain mais la diffusion de sa bande-annonce le 30 décembre, qui montre l’ascension d’un parti populiste, dirigé d’une main de fer par une femme, et tout cela rappelle furieusement le Front national, a fait bondir plusieurs ténors frontistes comme Florian Philippot, Gilles Pennelle ou Steeve Briois qui y ont vu un film "anti-FN", qui plus est "en pleine présidentielle" . Sans l’avoir vu donc.

Chez nous est-il vraiment un film "anti-FN" ?

Dans le dossier de presse, le réalisateur Lucas Belvaux explique avoir voulu raconter ce "monde rural [...] devenu périurbain, suite discontinue de périphéries, un 'périmonde', une marge où les habitants se sentent rejetés, oubliés". Il poursuit :

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'Chez nous' est un film engagé, oui. Il n’est pas militant pour autant, il n’expose pas vraiment de thèse. J’ai essayé de décrire une situation, un parti, une nébuleuse, de décortiquer son discours, de comprendre son impact, son efficacité, son pouvoir de séduction. De montrer la désagrégation progressive du surmoi qu’il provoque, libérant une parole jusqu’ici indicible. D’exposer la confusion qu’il entretient, les peurs qu’il suscite, celles qu’il instrumentalise.

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Lucas Belvaux assure également s’être "documenté" et n’avoir "rien inventé, si ce n’est ce qui relève directement du récit" :

 

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Tout ce qui concerne l’extrême droite, ses différentes composantes, la nébuleuse, ce qui se dit sur internet (ce qu’on appelle la 'fachosphère') est très documenté dans le film. On n’a rien inventé, si ce n’est ce qui relève directement du récit. Pour revenir à la question, il y a toujours, dans tous les partis politiques, une forme de marketing, de publicité, de propagande... C’est même l’objet d’une campagne électorale. Ce qui différencie le FN, c’est qu’il est face à deux problématiques singulières : montrer une image respectable et pouvoir présenter des candidats partout, alors qu’ils manquent de cadres. C’est aussi pour cela qu’il y a autant de jeunes et de femmes sur les listes des partis d’extrême droite, et c’est vrai dans tous les pays d’Europe. Il faut donner l’image d’un parti jeune, souriant, proche du peuple, un parti du 'renouveau'. Et pour les candidats 'novices', ceux qui n’ont aucun parcours politique préalable, cela représente une reconnaissance et une ascension rapide au sein d’une formation politique, alors que dans les partis traditionnels, c’est plutôt bouché. 

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