RAPPORT DE FORCE - Dans la majorité présidentielle depuis plus d’un an, les députés socialistes aiment faire entendre leurs voix. Et parfois leurs divergences avec la politique menée par le gouvernement.
Pour faire passer leurs messages, et mettre la pression sur l’exécutif, les élus PS multiplient ainsi les tribunes et les pétitions : une pétitionnite aigüe en somme. Dernier exemple en date : la tribune d’une cinquantaine de députés de gauche en faveur d’une CSG progressive. La goutte d’eau de trop.
Car cette manière de procéder irrite au sein du groupe PS. Selon plusieurs sources parlementaires, Bruno Le Roux a demandé, en réunion de groupe lors de la rentrée parlementaire, de cesser ces prises de positions. Le patron des députés socialistes s’est également exprimé contre la multiplication des écuries : Gauche forte, Gauche durable, Gauche populaire, Un Monde d’avance…
[Edit 24 septembre] Claude Bartolone, le président socialiste de l'Assemblée nationale, est tout aussi irrité. Et a tenu à le faire savoir lors de son discours aux journées parlementaires du PS.
Face à de nombreux déptués et sénateurs, l'élu de Seine-Saint-Denis a ainsi déclaré, alors que le passage sur les pétitions des élus ne figure pas dans la version écrite de son discours :
La gauche est la gauche parce qu’elle tient un discours de vérité. Même sur la fiscalité. Nous devons en finir une fois pour toutes avec ce satané débat sur la fiscalité qui pourrait demain devenir notre boulet si nous devions en plus communiquer les uns et les autres par pétitions dans la presse.
"C’est un élément de la panoplie du débat politique", expliquait au Lab Bernard Rullier, conseiller parlementaire de François Hollande. Un parlementaire socialiste, en off, reconnait quant à lui, au Lab :
C’est une manière de se faire remarquer. Certains en font trop.
Mais cette mise en garde n’a pas eu les effets escomptés. Comme le révèle le Parisien de ce lundi 23 septembre, la Gauche populaire, forte de sa trentaine de membres, a lancé une pétition, et un site en ligne (pouvoir-achat.net).
L’objectif ? Faire campagne en faveur du pouvoir d’achat des classes populaires avec en ligne de mire le décrié CICE. Et le timing n’est pas anodin non plus, le jour où le PS ouvre ses journées parlementaires à Bordeaux.
Au Parisien, le député Philippe Doucet, qui juge que "tout est verrouillé pour empêcher le débat" lors des journées parlementaires, explique :
On souhaite mettre la pression, car la défense du pouvoir d’achat est une question centrale pour les couches moyennes et populaires.