Le cadeau de François Hollande à Benoit Hamon

Publié à 15h59, le 13 septembre 2012 , Modifié à 16h15, le 13 septembre 2012

Le cadeau de François Hollande à Benoit Hamon
François Hollande et Benoit Hamon en 2010 à l'université d'été de La Rochelle (Maxppp)

Le chef de l’Etat n’hésite pas à intervenir dans les tractations au sein du Parti socialiste par des coups de téléphone bien placés.

Libération raconte ainsi ce 13 septembre comment François Hollande a joué les entremetteurs entre l’aile gauche du PS et ses troupes, les hollandais, pour négocier des places au conseil national du parti. Le but : accéder aux souhaits du courant de Benoit Hamon pour mieux le garder dans son camp.

  1. "Et puis pouf, tout a été accepté ..."

    Sur Libération

    Après la désignation du duo Désir-Bachelay pour prendre la tête du PS, le rôle de François Hollande interroge. Beaucoup parlent de sa "main invisible", de sa façon de réussir à imposer son candidat sans en donner l’ordre, de placer ses pions sans être "à la manœuvre".

    Mais François Hollande n’a pas seulement œuvré en coulisse pour la tête du parti. Il est également intervenu de manière très directe pour … favoriser l’aile gauche du PS, menée par Benoit Hamon.

    Pour le comprendre, il faut se plonger dans la tambouille interne du PS. L’enjeu du congrès socialiste n’est pas seulement son premier secrétaire. C’est aussi à cette occasion que va être renouvelé le bureau national (l’exécutif du parti) et le conseil national (sorte de parlement interne). Ce dernier est composé de 204 membres élus lors du congrès et de 102 premiers secrétaires fédéraux élus après le congrès.
     
    Cette élection là est tout aussi importante : toutes les tendances du parti (ceux qu’on appelle les hollandais, les aubryistes, l’aile gauche …) veulent y être représentées le mieux possible pour peser sur la ligne du parti. C’est le cas de la gauche de la gauche, sous la houlette de Benoit Hamon. Le courant a promis de se ranger derrière la motion majoritaire Aubry/Ayrault à condition d’avoir un certain poids dans les instances.

    Le Figaro explique que, sur les quelques 200 sièges du conseil national, les hamonistes ont tenté d’en obtenir 32, en vain. Les négociateurs n’ont voulu leur en accorder que 26.

    Et c’est là que François Hollande est intervenu. Le chef de l’Etat a pris son téléphone pour convaincre toutes les forces en présence : les hollandais, qui allaient devoir concéder une poignée de sièges, l’aile gauche, pour qu’elle accepte de revoir ses attentes à la baisse. Un échange avec Benoit Hamon a bouclé l’affaire : l’aile gauche aura finalement 30 sièges. Un participant raconte à Libération :

    Deux minutes plus tôt, les négociateurs hollandais ne lâchaient rien et puis pouf, tout a été accepté : 30 places au CN.

    Mais pourquoi le président s’en est-il mêlé ? C’est un proche de Martine Aubry qui décrypte la manœuvre pour Libération :

    Deux, trois, même dix places au CN, Hollande s’en fout. Ce qu’il lui faut, c’est une relation directe et solide avec l’aile gauche pour la suite.

    Ca va bien plus loin que l’adoption du traité européen : il pense que ce sera crucial si ça se tend socialement.

    Tout est dit : François Hollande préfère perdre quelques sièges pour privilégier la gauche de la gauche. Très remonté sur certains projets, comme le traité budgétaire européen, le courant n’hésite pas à se désolidariser du gouvernement. Le chef de l’Etat a donc plutôt intérêt à garder sa gauche bien au chaud.

    Précisons tout de même que ces tractations ont lieu alors qu'il reste une inconnue : le pourcentage obtenu par chacune des cinq motions le 11 octobre. Même si on sait que la motion Aubry/Ayrault sera largement majoritaire, le nombre de sièges de chaque courant dépend, aussi, de ce résultat.
     

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