La candidate UMP à la mairie de Paris estime que les Roms "harcèlent les Parisiens" ? Alors créons un village d'insertion pour les populations roms dans la capitale. Telle est la proposition des élus parisiens du Front de gauche menés par le chef de file des communistes à Paris, Ian Brossat.
Volontairement provocateur, Ian Brossat, par ailleurs élu du 18e arrondissement, propose de créer ce village d'insertion dans l'un des arrondissements les plus riches de Paris : le 16e, actuellement dirigé par le maire UMP Claude Goasguen.
Pour se faire, les élus communistes et du Parti de gauche présenteront au vote lors du prochain Conseil de Paris les 14 et 15 octobre un "voeu" relatif à la création de ce village d'insertion. Précisons que ce voeu n'a pas de valeur juridique à l'inverse d'une "délibération" du Conseil de Paris. Il permet surtout de créer un débat avec les élus lors de la séance.
Pourquoi le 16e arrondissement ? Officiellement, il ne s'agit évidemment pas d'une provocation. Ian Brossat met en avant sa superficie et la baisse du nombre d'habitants. Voici les arguments développés dans le texte de présentation du voeu :
Considérant que le 16e arrondissement constitue le plus grand arrondissement de Paris au regard de sa superficie;
Considérant que le 16e arrondissement a vu sa population décroître,passant de 214 120 habitants en 1968 à 169 372 habitants en 2009 (Insee) ;
Considérant que le 16e arrondissement dispose de la seconde densité la plus faible de Paris;
(...) Le Conseil de Paris, sur proposition de Ian Brossat et des élus du groupe Communiste et du Parti de gauche crée un village d’insertion dans le 16e arrondissement de Paris à destination de la population Rom.
Voici l'intégralité des arguments développés par les élus Front de gauche que Le Lab a pu se procurer. Notons que le document présente une coquille dans la date, il s'agira bien du Conseil de Paris des 14 et 15 octobre.
Interrogé par l’AFP, le député-maire UMP du XVIe, Claude Goasguen, a parlé de "déclarations farfelues" :
Cela m’amuse. On avait Jean-Marie Le Guen (adjoint au maire PS, ndlr) qui il y a quelques mois voulait mettre des HLM au milieu de l’avenue Foch, maintenant on a Ian Brossat qui veut mettre des Roms dans le XVIe, on peut toujours dire n’importe quoi.
Dans l'optique des élections municipales de 2014, Ian Brossat mène les négociations au nom des communistes avec le Parti socialiste. Il pourrait être le candidat à la mairie de Paris du Front de gauche si les militants parisiens décident de ne pas faire alliance avec le PS. Ces derniers doivent trancher le 10 octobre. En 2001 et 2008, communistes et socialistes se sont alliés dès le premier tour.
En cas d'alliance avec le Parti de gauche, Ian Brossat serait alors opposé à Danielle Simonnet pour représenter le Front de gauche lors des élections.