Le déficit public "légèrement supérieur" aux prévisions, finit par annoncer Pierre Moscovici

Publié à 10h02, le 10 septembre 2013 , Modifié à 10h21, le 10 septembre 2013

Le déficit public "légèrement supérieur" aux prévisions, finit par annoncer Pierre Moscovici
Pierre Moscovici sur BFM TV, le 10 septembre 2013. (Capture d'écran BFM TV)

Y'EN A UN PEU PLUS, JE LAISSE ? - De l'art d'annoncer une mauvaise nouvelle économique. Exercice obligé du ministère de l'Economie, en raison d'une tendance politique au "sur-optimisme dans les prévisions officielles", annoncer une croissance plus faible ou un déficit plus important que prévu est tout un art.

En l'occurrence, c'est le déficit public qui sera "légèrement supérieur aux prévisions" de la Commission européenne pour 2013 en France, entre 3,7% et 3,9%, a annoncé mardi 10 septembre Pierre Moscovici sur BFM TV/RMC.

Toute banale qu'elle soit, cette modification des objectifs a souvent un effet néfaste sur l'image du gouvernement, soupçonné ou accusé d'avoir mis en place une politique inefficace, et surtout sur d'autres indicateurs économiques, le moral des investisseurs ou l'investissement par exemple.

La tentation est donc grande pour les responsables politiques de noyer le poisson, pour minimiser l'effet de l'annonce. Sur BFM, Pierre Moscovici commence par refuser de répondre aux questions - de plus en plus insistantes - de Jean-Jacques Bourdin sur le déficit 2013 :

Je donnerai des chiffres dans les prochains jours et tiendrai une conférence de presse demain.

Puis : 

Fin 2013, nous serons... On verra. Je suis très résistant à la torture.

Entre deux, le ministre de l'Economie emploie une métaphore, facile à retenir et qu'on pourrait qualifier de "raisonnablement positive" : 

La France à qui l'on promettait la récession est en train de rebondir, doucement, mais en train de rebondir.

Ceci dit, et comme Jean-Jacques Bourdin revient encore à la charge, Pierre Moscovici finit par céder : 

Nous n'avons pas voulu ajouter un plan quelconque de rigueur à une situation de faible croissance.

Autrement dit le déficit public sera légèrement supérieur à ce qui était attendu. Je rappelle que les prévisions de la commission étaient à 3,7%, 3,9%.

En mars dernier, le président de la République François Hollande, en déplacement à Dijon, avait indiqué que le déficit serait sans doute "à 3,7% en 2013, même si nous essaierons de faire moins". Dans son programme de candidat à l'élection présidentielle, l'objectif était d'atteindre les 3% conformes au Traité de Maastricht, dès 2013.

En 1992, la France avait ratifié le Traité de Maastricht, par lequel elle acceptait de se plier à des critères de bonne gestion, dont celui de ne pas dépasser 3% de déficit. Avec la crise financière de 2008, puis la crise de l'UE, la commission européenne avait accepté de passer l'éponge sur quelques exercices trop déficitaires en Europe.

Avec l'amélioration de l'environnement économique, la pression se fait plus importante, même si Bruxelles avait accordé début mai un délai supplémentaire de deux ansà la France pour se mettre en conformité avec cet objectif de 3%.

C'est d'ailleurs derrière ce délai que s'abrite le ministre de l'Economie pour justifier l'évolution des objectifs économiques, ainsi que derrière la volonté du gouvernementale de ne pas céder à la tentation de l'austérité :

Nous n'avons pas souhaité ajouter la rigueur l'austerité à la stagnation. Mais ce déficit est maîtrisé, si vous prenez les chiffres de l'exécution budgétaire en juillet 2013, ils sont nettement meilleurs qu'en juillet 2012.

La commission européenne nous a donné un délai de deux ans pour revenir en deça du seuil de 3% de déficit public, et nous serons sur ce rythme. Le déficit va baisser en 2014 par rapport à 2013, et sur une trajectoire qui nous permettra d'être en deça de 3% en 2015.

[BONUS TRACK] BIZARRES, CES FUITES

Pierre Moscovici aurait-il une dent contre son administration ? Alors que Jean-Jacques Bourdin l'interrogeait en fin d'interview sur les futurs nouveaux impôts que le gouvernement prévoyait de mettre en place, Pierre Moscovici a déploré que seules les mauvaises nouvelles économiques ne filtrent dans les médias :

J'ai l'impression qu'on ne laisse filtrer, ou fuiter que les mauvaises nouvelles et pas les bonnes.

Façon de dire que son administration est partiale ? (Et contre lui ?) Un peu plus tard, l'intervieweur pousse Pierre Moscovici à confirmer l'existence de tel ou tel impôt. A quoi bon refuser de les confirmer, puisqu'ils sont déjà sortis dans la presse, dit-il en substance : "tous les textes qui sont devant le Conseil d'etat sortent dans la presse ! Tous !" Le ministre répond alors :

Eh bien ça je vais vous dire : je le regrette, je le répète encore une fois un projet de loi de finances, ça ne se débite pas en tranche. Je ne vais jamais, moi critiquer telle ou telle fuite.

Du rab sur le Lab

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