C’est un déplacement qui s’est conclu par un coup d’éclat médiatique. En visite au Liban lundi 20 et mardi 21 février, Marine Le Pen a refusé de porter le voile pour rencontrer le mufti de la République ce mardi. La candidate du FN à la présidentielle s’était vu tendre un voile à son arrivée au siège de Dar al-Fatwa, la plus haute autorité du pays, pour y rencontrer cheikh Abdellatif Deriane.
"Ils ont cherché à m’imposer ça, à me mettre devant le fait accompli", a-t-elle expliqué. Mais Dar al-Fatwa a précisé de son côté "avoir informé" la veille la candidate de la nécessité de se "couvrir la tête lors de sa rencontre avec son éminence (le mufti) selon le protocole". Interrogée sur BFMTV ce mardi, la députée PS de la Moselle Aurélie Filippetti a dénoncé un "coup de communication" de la part de Marine Le Pen. "Il n’était en rien question de liberté des femmes (comme l'a déclaré sur Twitter le vice-président du FN Florian Philippot, ndlr), il était juste question de respect des us et coutumes et du respect qu’on doit à un responsable religieux", a attaqué la porte-parole du candidat à la présidentielle Benoît Hamon. Aurélie Filippetti s’est ensuite interrogée sur les raisons de la visite de la présidente du FN et de ses proches au Liban. Elle a lancé :
"Pourquoi va-t-elle rencontrer des responsables religieux musulmans sunnites lorsqu’elle va à l’étranger ? Qu’est-ce qu’elle va chercher auprès de responsables religieux ? Elle qui se dit défenseure de la laïcité en France... Je ne comprends pas. Il faudrait peut-être qu’on s’interroge sur ce qu’elle va y faire. Quand elle va à Moscou, on sait qu’elle va chercher de l’argent pour financer sa campagne électorale. Donc aller prétendre ensuite qu’on défend je ne sais quelle indépendance alors que l’indépendance, c’est avant tout vis-à-vis des puissances étrangères… On disait qu’il y a un vrai problème du FN vis-à-vis de ces financements russes et que ça se pèserait gravement sur la souveraineté de la France si jamais par malheur Marine Le Pen était élue présidente de la République. C’est ça l’indépendance, ce n’est pas d’aller faire de la provocation lorsqu’on sollicite soi-même une rencontre avec un responsable religieux.
"
En mai 2015, Marine Le Pen avait fait une visite discrète à Moscou. Elle avait été alors reçue par le président de la Douma Sergueï Narychkine. La presse n’avait pas pu couvrir ce déplacement. Un an plus tôt, en avril 2014, Marine Le Pen s’était déjà rendue dans la capitale russe, quelques semaines après l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie.
Le 21 décembre dernier, Marine Le Pen niait auprès du Lab avoir reçu un prêt de presque 29 millions d’euros par un établissement bancaire de Moscou, comme l’affirmait le Canard enchaîné. Le FN s’était vu accorder un prêt de 9 millions d’euros par une banque russe en 2014. Pour justifier ces démarches de financement hors de France, le parti de Marine Le Pen répète que les banques françaises refusent de lui prêter de l’argent pour financer ses campagnes électorales, notamment depuis l’affaire Bygmalion .
[BONUS TRACK] Refus de Le Pen de porter le voile : Rebsamen dénonce "un coup de pub"
Outre Aurélie Filippetti, un autre responsable socialiste a critiqué l’attitude de Marine Le Pen au Liban ce mardi 21 février : le maire de Dijon François Rebsamen. Sur iTélé, L’ancien ministre du Travail a ainsi déclaré :
"C’est une mascarade, c’est un coup de pub. Elle savait très bien qu’il fallait mettre un foulard, personne ne lui demandait d’aller voir le Mufti de la République.
"
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