La droite n'a pas le monopole du rappel au règlement basé sur un tweet. Après la suspension de séance provoquée par le patron des députés UMP se plaignant d'un tweet d'un député de la majorité, vendredi 1er février, c'est au tour de la majorité de se saisir ce mardi 5 février dans l'hémicycle d'un tweet issue des bancs de la droite.
Monsieur le président, nous avons eu hier un débat, où d'ailleurs j'ai montré une grande convergence avec les députés de l'oppositionn, sur l'utilisation que nous faisons des réseaux sociaux.
commence ainsi Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée.
Le député de Seine-Saint-Denis poursuit en qualifiant à plusieurs reprises "d'inadmissible" un tweet du député UMP Marc Le Fur "qui plus est vice-président de l'Assemblée Nationale".
Le député UMP des Côtes-d'Armor a repris quelques minutes plus tôt une image d'un député jouant au Scrabble sur son iPad. Un photomontage faussement présenté comme étant une image du député socialiste fabiusien Guillaume Bachelay.
Les députés PS qui sont "de permanence" dans l'hémicycle permettent à la majorité d'être ... majoritaire ! twitter.com/marclefur/stat…
— Marc Le Fur (@marclefur) 5 février 2013
Bruno Le Roux s'insurge ainsi contre "une photo et un texte totalement tronqués puisque le collègue auquel il fait référence n'est pas celui qui est sur la photo.
Et le patron des députés socialistes de vanter les mérites de Guillaume Bachelay, "ce collègue a été le rapporteur du texte sur la BPI voté à l'unanimité sur tous ces bancs""qui revient aujourd'hui de sa circonscription où il s'est occupé des salariés de Pétroplus."
De plus, pour mieux prouver que ce n'est pas le député socialiste de Seine-Maritime, Bruno Le Roux livre une astuce pour reconnaître Guillaume Bachelay de dos : sa calvitie naissante.
Il se trouve que Guillaume Bachelay a avec moi une caractéristique, c'est celle d'avoir quelques cheveux qui lui manque et qui permettent de bien montrer qu'il n'est pas celui que vous montrez du doigt sur cette photo.
Bruno Le Roux demande donc lui aussi au président de l'Assemblée nationale d'agir contre certains tweets :
Et donc je trouve que ces comportements qui mettent en cause un collègue par un autre collègue sont absolument inadmissibles et scandaleux. [...]
Et donc je souhaiterai ici, en étant en cohérence avec ce que j'ai dit hier, que l'usage des réseaux sociaux soit maitrisé de la part des députés et ne serve pas à mettre en cause des collègues de façon nominative.
Je vous demanderai monsieur le président qu'il puisse y avoir une suspension afin que chacun se rapproche de son ordinateur et puisse aller mettre fin à ces attaques.
Christian Jacob demande alors la convocation d'une conférence des présidents mais refuse d'être "aux ordres de monsieur Le Roux".
Bruno Le Roux précise sa pensée : "Je ne veux pas réglementer ce qu'est l'usage des réseaux sociaux. Je demande à monsieur Le Fur d'arrêter la diffamation envers des collègues qu'il nomme et qui ne sont pas les collègues qui sont sur la photo."
Mais contrairement à vendredi, ce tweet ne fait pas suspendre les débats. Après la passe d'armes entre présidents de groupe, la courte suspension de séance qui suit ne se fait qu'après le vote et le rejet des amendements déposés par l'opposition.
Une scène isolée par LCP :
[Mise à jour 20H30] Peu avant 20 heures, le député UMP Marc Le Fur, auteur du tweet, répond à Bruno Le Roux :
Un tweet a été diffusé. Pas par moi, par d'autres concernant le comportement d'un de nos collègues qui avait un comportement, un péché très véniel au demeurant puisqu'on le voit en photo, il joue au Sudoku ou quelque chose dans ce goût là ou un Scrabble.
Il se trouve que le tweet m'est parvenu. Et je m'en excuse, je l'ai diffusé à quelques amis.
Et pourquoi est-ce que je m'en excuse ? Car c'est une erreur. Le tweet évoquait le nom de notre collègue Guillaume Bachelay. Je m'en excuse auprès de notre collègue Guillaume Bachelay. Ce n'était pas lui.
C'était Bernard Thévenoud...euh Thomas Thévenoud.
Réponse courroucée de Bruno Le Roux, quelques secondes plus tard : "il ne convient, je pense, de faire porter l'opprobre qui travaillent ici sur une mission confiée par l'Assemblée sur la TVA."