Après avoir présidé pendant dix ans la Commission européen (2004-2014), Jose Manuel Barroso pensait couler des jours paisibles dans son nouveau job dans le privé chez Goldman Sachs. Mais ce transfert de l’Union européenne vers une des banques à l’origine de la crise des subprimes avait choqué et indigné en juillet une grande partie de la classe politique française . Tout comme les révélations du Monde du 21 septembre dans le cadre des "Bahamas leaks" sur la société offshore cachée de l’ex-commissaire européenne à la concurrence, Neelie Kroes.
Trop, c’est trop. En réponse, le Parti socialiste s’est fendu ce jeudi 22 septembre d’un communiqué sobrement intitulé "Barroso, Kroes… Les sans-gêne" dans lequel le parti estime que "à eux deux, madame Kroes et monsieur Barroso symbolisent la même dérive inacceptable, celle du conflit d’intérêts de responsables politiques, qui passent plus de temps à se servir qu’à servir les citoyens". Et le PS de demander au successeur de Jose Manuel Barroso, Jean-Claude Juncker, d’engager "toutes les poursuites possibles" contre ces "cas de pantouflage et de mensonges" :
"Si monsieur Juncker aime autant l’Europe qu’il le dit, il doit sans délai engager toutes les poursuites possibles contre les cas de pantouflage et de mensonges de monsieur Barroso et de madame Kroes.
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En juillet 2016, les eurodéputés socialistes, après l’annonce du départ de Barroso pour Goldman Sachs, souhaitaient que l’ancien président de la Commission européenne soit privé de sa retraite . Les nouvelles révélations des "Bahamas leaks" sur Neelie Kroes viennent renforcer leur courroux contre lui via son ancienne commissaire européenne :
"Elle est restée 9 ans à la tête d’une société des Bahamas sans rien déclarer, avec de forts soupçons de conflit d’intérêts. C’est là une violation totale du code de conduite des commissaires européens. Faut-il rappeler que monsieur Barroso avait tout fait pour la protéger lors de sa désignation comme commissaire européenne, alors que le Parlement européen soulevait de nombreux cas de risque de conflit d’intérêts ?
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Le PS en profite pour rappeler l’initiative de ses parlementaires européens visant à "empêcher de tels recrutements indécents, indignes et honteux". "Nous demandons aussi que le mandat de la commission d’enquête sur les Panama Papers soit élargi afin de couvrir les violations alléguées du code de conduite, notamment dans les cas Kroes et Barroso", ajoute le parti de la rue de Solférino.
Dans son édition du 21 septembre, l’émission Quotidien sur TMC interrogeait justement Jose Manuel Barroso sur la polémique autour de son transfert. "Je n’ai rien fait d’irrégulier, au contraire. D’autres personnes qui ont travaillé pour la même banque n’ont été l’objet d’aucune mesure. C’est clairement une discrimination contre moi", a répliqué l’ancien patron de la Commission européenne.