C'EST GRATUIT - Nombre d'observateurs en sont convaincus : François Hollande miserait une grosse pièce sur la victoire de Nicolas Sarkozy à la primaire de la droite, un adversaire qui augmenterait ses chances à la présidentielle, lui qui continue de s'embourber dans l'impopularité et n'est toujours pas candidat à la primaire organisée par le PS. La façon dont le chef de l'État tire à vue sur son prédécesseur, dès lors qu'il parle de la droite, tend à confirmer cette théorie. En gros, le vainqueur de 2012 aurait déjà "choisi" son futur adversaire pour 2017.
François Fillon fait partie de ceux qui valident cette analyse. Et surtout de ceux à qui elle déplaît. En meeting mercredi 21 septembre, l'ancien Premier ministre a une nouvelle fois fustigé un François Hollande qui "rêve de rééditer le match de 2012 avec le même adversaire". "Comme si l'antisarkozysme de la gauche pouvait neutraliser l'antihollandisme. 'Balle au centre !", pense-t-il", a-t-il poursuivi, comme le rapporte Le Figaro ce jeudi. Et d'y aller franco dans blagounette teintée de cruauté :
"C'est ça l'alternative ? C'est ça l'avenir ? Pendant qu'on y est, François Hollande n'a qu'à venir incognito, en scooter, voter à la primaire de la droite et du centre pour choisir son rival !
"
Une saillie également soulignée par la journaliste d'Europe 1 Aurélie Herbemont :
Fillon : "Hollande rêve de rééditer le match de 2012 (...) Pendant qu'on y est, il n'a qu'à venir incognito en scooter voter à la primaire"
— Aurélie Herbemont (@aurelherbemont) 21 septembre 2016
Ou comment fustiger par avance un éventuel casting identique à celui de la dernière présidentielle tout en appuyant sur le scandale du quinquennat autour de la vie privée de François Hollande, remettant le tapis les désormais fameuses photos dévoilées par Closer... Il est loin d'être le seul à droite à développer cette idée : Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet et même Alain Juppé sont sur le même ligne - mais n'en appellent pas à ces célèbres escapades en deux roues pour autant.
Sur le fond, François Fillon n'a peut-être pas tort. Dès décembre 2014, l'actuel Président semblait presque se réjouir à l'idée de voir Nicolas Sarkozy s'offrir une revanche. "Les matches retour, c'est une tradition française. Les vieilles têtes, ça marche aussi", disait alors François Hollande. Depuis, tout en ne faisant pas de différence ou presque entre les programmes des différents prétendants à la primaire de la droite, c'est bien contre l'ex-chef de l'État qu'il a concentré ses attaques les plus virulentes. Comme pour remobiliser son camp contre son épouvantail préféré, à défaut de le fédérer sur son seul nom.
Là où François Fillon n'a pas tort non plus, c'est que le Président peut tout à fait décider d'aller voter à la primaire. Comme n'importe quel Français d'ailleurs, puisqu'aucune appartenance partisane n'est requise pour participer. Tout juste faut-il s'engager à partager "les valeurs républicaines de la droite et du centre" et débourser deux euros par tour de scrutin (les 20 et 27 novembre). Mais comme les procurations ont été interdites pour cette élection pré-présidentielle, il faudra se déplacer dans un bureau de vote. Dans le cas de François Hollande, cela risquerait de ne pas passer inaperçu...
[BONUS TRACK] J'insiste
Ce n'est pas la seule référence à ce sujet faite par François Fillon en meeting mercredi soir. Il y a aussi celle-ci, rapportée par Le Parisien, dans laquelle l'ex-chef de gouvernement a moqué un François Hollande "président des faits-divers, s'échappant à l'aube par les portes dérobées de l'Élysée sous l’œil des paparazzis, réagissant à tout et n'importe quoi".