REPORTAGE - La dernière fois qu'on les avait vues ensemble, elles dégustaient des saucisses place de l'Hôtel de Ville. Cette fois-ci, c'est beaucoup plus sérieux, promis. Pour leurs retrouvailles, Rachida Dati et Nathalie Kosciusko-Morizet ont organisé un déplacement en terrain connu: le 7e arrondissement, celui de Rachida Dati. Elles discuteront sécurité.
Télévisions, radios, quotidiens: ils sont très nombreux à avoir fait le déplacement. L'une porte, comme souvent, un pull Lacoste et des perles au poignet. L'autre apparaît cheveux lâchés, visiblement détendue. Toutes deux attirent les caméras et les flashs : inévitable cohue lorsque les deux anciennes collègues du gouvernement Fillon se claquent la bise.
La veille, NKM créait la polémique en affirmant que "les Roms harcèlent les Parisiens". N'attendez pas que son ancienne concurrente à la primaire se désolidarise. Elle est exactement sur la même ligne, et brandit son expérience de maire pour appuyer les propos de la candidate :
Dans mon arrondissement, les gamins sont harcelés à la sortie des écoles par les Roms ! Ils s'agrippent à leur cartable.
NKM enchaîne et liste les sujets d'inquiétude qui inquiètent les Parisiens selon elle. Elle raconte avoir vu la semaine dernière une femme se faire "quasiment arracher son collier en or sous ses yeux". L'ancienne ministre brandit une statistique selon laquelle 60% des faits de délinquance à Paris sont commis par des habitants de banlieue. Mais juge "scandaleux" qu'on lui demande si "le problème des Parisiens, ce sont les banlieusards".
Nathalie Kosciusko-Morizet déroule son discours sécuritaire et s'agace que les journalistes lui demandent pourquoi elle a "droitisé" sa ligne. C'est une campagne "au coeur des préoccupations des Parisiens" qu'elle entend mener. Et compte bien le prouver en emmenant les journalistes sous la tour Eiffel.
Photo Maxppp
Les deux femmes s'en vont discuter avec des agents de sécurité municipaux. Ici, pas de mendiants ni de vendeurs de petites figurines de tour Eiffel à la sauvette. Seulement des touristes étonnés, demandant aux journalistes s'il s'agit là de "movie stars".
En fond de scène se trouve la Dame de Fer. Logique pour l'ancienne garde des Sceaux qui avait fait passer sa réforme de la carte judiciaire au forceps, et pour celle qui avait confié son "admiration" pour Margaret Thatcher.
Photo Thibaut Pézerat
NKM et Dati sont là pour parler sécurité, mais le programme est très, très détendu: discussions avec des vendeurs de souvenirs parisiens, dégustations de churros, café sur une péniche. Les deux femmes croisent même le chemin d'une touriste japonaise aux cheveux roses. Elles tapent la pose, forcément.
Photo Maxppp
Cette union retrouvée entre les deux femmes a une image. Ou plutôt un montage. Celui de l'internaute @GuillaumeTC, qui comme à son habitude, s'est amusé à croiser les visages des deux dames :
.@ThibPez et mettre Dati et NKM ensemble peut aussi donner ça : ;) #CroisonsLespic.twitter.com/r8N2nKv5Zd — GuillaumeTC (@GuillaumeTC) September 19, 2013
Lorsque Le Lab montre la photo aux concernées, Rachida Dati mi-étonnée, mi-dégoûtée, répond tout de go:
Ah ben Nathalie, on ne fera jamais d'enfants ensemble...
NKM et Rachida Dati découvrent le montage de leurs visages (photo Maxppp)
NKM rigole et regarde à son tour le cliché. Interrogation de la candidate :
Mais pourquoi ont-ils mis la veste d'Anne Hidalgo ?
Rires un peu gênés des journalistes et réplique aussi rapide de Rachida Dati: "Je t'en prie, Nathalie, c'est ma veste, là !" NKM se justifie bizarrement en prétextant que "c'est une veste un peu poilue".
Une dernière halte par une boutique de souvenirs dont la vendeuse est excédée par la concurrence déloyale. Un quinqua dégarni qui connaît bien Rachida Dati et Philippe Goujon, grande gueule, affirme que le Champ-de-Mars où il habite est devenu "la cour des miracles", en référence à la gitane Esmeralda. Regards compatissants des deux anciennes ministres.
C'est l'heure de se quitter. Dati claque une bise à la candidate UMP. Les images étaient parfaites. Lorsque NKM se dirige vers son taxi, elle croise le chemin d'une mendiante voilée et sait bien que l'image risque de se retrouver dans les journaux du lendemain. Mais s'engouffre dans un taxi sans commentaire.