Les soupçons très contradictoires de Philippe Marini sur l'action de Pierre Moscovici dans l'affaire Cahuzac

Publié à 11h17, le 12 avril 2013 , Modifié à 11h41, le 12 avril 2013

Les soupçons très contradictoires de Philippe Marini sur l'action de Pierre Moscovici dans l'affaire Cahuzac
Philippe Marini sur Europe 1 le 12 avril 2013 (images Europe 1)

PARADOXE - Jeudi, les présidents UMP de la commission des finances de l'Assemblée et du Sénat ont rendu une petite visite à l'administration fiscale , placée sous l'autorité de Pierre Moscovici, dans le but d'éclaircir les informations publiées par Valeurs actuelles  qui mettent en cause le ministre de l'Economie dans l'affaire Cahuzac. Ils en sont ressortis toujours aussi suspicieux, évoquant deux thèses contradictoires.

Pierre Moscovici a-t-il été mis au courant du compte Cahuzac dès décembre 2012 ? Invité d'Europe 1 ce 12 avril, le président de la commission des finances du Sénat, Philippe Marini, reconnait qu'il n'a pas encore trouvé de "preuve" pour confirmer ou infirmer les accusations du magazine.

S'il dit "ne vouloir parler que de ce dont [il est] certain", le sénateur UMP communique cependant largement sur ses soupçons quant à l'action du ministre de tutelle de Jérôme Cahuzac.

D'un côté, Philippe Marini juge "peu vraisemblable" que rien n'ait été mis en oeuvre dès les premières accusations de Mediapart, allant ainsi dans le sens de Valeurs actuelles qui assure que Pierre Moscovici a fait faire des vérifications sur le compte Cahuzac très tôt, a eu des réponses tout aussi rapides, et ne l'avoue pas :

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Il me semble peu vraisemblable qu’on n’ait pas pris de contact avec la Suisse avant le 23 janvier.

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De l'autre côté, le sénateur UMP reproche au ministre et à son administration de ne pas avoir agi assez rapidement, en espérant que l'orage passe :

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Je pense qu’ils pouvaient aller plus vite  et qu’ils ont peut-être cru les dénégations de Jérôme Cahuzac. Je ne l’exclus pas.

Ils pouvaient traiter de ce sujet (…) et ils ne l’ont pas fait, ils ont louvoyé, ils ont attendu que l’avenir soit meilleur, que ça se résolve tout seul.

"

Gilles Carrez et Philippe Marini se sont rendus à Bercy le 11 avril, sous l'oeil des caméras, dans l'idée de tirer les vers du nez des collaborateurs de Pierre Moscovici. Au menu, un entretien de 1h45 avec le Directeur général des finances publiques et les membres de son équipe.

Malgré les soupçons restant, et après ces quelques deux heures de papotage, le duo Carrez/Marini est sorti avec une certitude : il n'y pas eu de "commando" de quinze fonctionnaires français envoyés en Suisse pour enquêter sur Jérôme Cahuzac, soit l'une des accusations principales de Valeurs actuelles.

Philippe Marini menace en tout cas déjà de revenir à Bercy s'il n'obtient pas de réponse sur un autre élément avancé par le magazine : une réunion de crise sur l'affaire Cahuzac aurait été organisée dès le 7 décembre à Bercy pour décider d'agir.

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Je n’ai pas encore de trace, j’ai demandé une liste précise, on va me les fournir, les documents vont être examinés.

Et si Gilles [Carrez] et moi ne sommes pas satisfaits, nous reviendrons et, là, nous ferons parler la mémoire des ordinateurs.

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L'article de Mediapart accusant Jérôme Cahuzac a été publié le 4 décembre. Le parquet de Paris s'est emparé du dossier en ouvrant une enquête préliminaire le 8 janvier pour déterminer s'il était nécessaire d'aller plus loin, enquête qui a abouti à l'ouverture d'une information judiciaire le 19 mars et à la démission de Jérôme Cahuzac.

Entre temps, la seule action connue et revendiquée par Pierre Moscovici est d'avoir actionné, le 23 janvier, le mécanisme d'entraide fiscale avec la Suisse pour savoir si Jérôme Cahuzac avait détenu un compte à l'UBS sur une période limitée. La réponse des autorités helvétiques s'était avérée négative sur la période demandée. On a appris par la suite que Jérôme Cahuzac avait changé de banque, puis de pays, pour abriter son compte caché.

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