STAKHANOVISTE - Manuel Valls ne lésine pas sur le travail. Pendant que la plupart des Français préparaient le réveillon de la Saint-Sylvestre, il pouvait répondre aux journalistes le 31 décembre 2010. Trois jours plus tard, le 2 janvier 2011, le candidat à la primaire socialiste de 2011 faisait sa sortie polémique sur les 35 heures, qu’il voulait à l’époque "déverrouiller". Six ans après, l’ancien Premier ministre de nouveau candidat à la primaire va encore passer des vacances studieuses. C’est ce que déclare au Lab l’un de ses porte-paroles, Olivier Dussopt :
"Manuel Valls travaille beaucoup son projet et la préparation des débats. Il va réfléchir pour affiner ses propositions.
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Manuel Valls va toutefois s’accorder un peu de répit alors que, de toute façon, les Français n’auront pas la tête à la primaire. "Il souffle un peu, il écoute beaucoup de monde, des gens de son équipe ou d’autres personnes pour creuser certains sujets", précise de son côté le député PS Philippe Doucet, autre porte-parole de Manuel Valls. "Je fais partie de ceux qui considèrent que prendre du repos, c’est bien pour prendre des positions les plus pertinentes et se démarquer des autres candidats. Mais le repos, ça n’empêche pas de travailler", note l’ex-aubryste Olivier Dussopt. D’ailleurs, ajoute en souriant ce député PS, "quand Manuel Valls travaille, il se repose".
Comme les six autres candidats à la primaire, qui vont mettre à profit cette dizaine de jours pour préparer le mois de janvier tout en levant quelque peu le pied, Manuel Valls n’a guère le choix. La campagne de la primaire du PS et de ses alliés regroupés au sein de la Belle Alliance Populaire (BAP) sera en effet particulièrement courte : une vingtaine de jours seulement en janvier, dès la rentrée des vacances de Noël.
Les trois débats d’avant le premier tour, organisés les 12, 15 et 19 janvier, auront donc une importance encore plus forte. Ils s’avéreront sans doute cruciaux. Lors de la primaire de la droite, François Fillon avait réussi l’épreuve des débats télévisés, lui permettant de construire son succès. "Tout le monde sait que ce sont des moments importants, surtout depuis la primaire de la droite, même s’ils l’étaient déjà lors de notre primaire en 2011", reconnaît Olivier Dussopt.
Ce soutien de Manuel Valls voit en ces débats télévisés "une occasion en or de mettre en avant ses positions, sa stature présidentielle et ses différences avec les autres candidats". Un membre du gouvernement soutenant lui aussi le candidat à la primaire se réjouit lui aussi d’avance de ces confrontations cathodiques. "Ça va être quelque chose, les débats entre Manuel Valls et Arnaud Montebourg", lance-t-il. Il s’inquiète toutefois quelque peu des talents oratoires du chantre autoproclamé du Made in France qui peuvent avoir son effet à l’écran :
"Arnaud Montebourg est à ce stade plus dangereux que Benoît Hamon. Arnaud Montebourg a une prestance audiovisuelle, il est plus grand en taille que Manuel Valls, il va le dominer physiquement lors les débats télévisés.
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Cet élu socialiste critique toutefois l’ancien avocat, qui est selon lui "dans le paraître, dans l’incantation". Il ne néglige pas un autre adversaire de Manuel Valls issu de la gauche du PS : Benoît Hamon. "Le plus solide idéologiquement des adversaires, c’est Benoît Hamon", déclare-t-il. Même si le député des Yvelines est décrit comme "le plus costaud" sur le fond, il n’est donc paradoxalement pour le moment pas considéré comme l’adversaire à abattre chez certains vallsistes, dont certains, comme Didier Guillaume , ne se privent pas pour l'attaquer. "Le principal rival, c’est l’abstention et le nombre de participants à la primaire. On va pousser pour que les électeurs de gauche viennent au maximum voter", avance de son côté Philippe Doucet.
Pour Manuel Valls, dont le début de campagne, marqué par des changements de position comme sur l'article 49-3 , a été relativement poussif, l’important sera de faire un score élevé au premier tour de la primaire, le 22 janvier. "L’enjeu pour lui, c’est d’être à un tel niveau au premier tour que les choses soient alors pliées pour le second", estime un membre du gouvernement, situant ce score au-dessus des 35 %.
D’ici là, le candidat socialiste à la primaire de la BAP se rendra à Strasbourg jeudi 22 décembre. Il passera notamment sur le marché de Noël. Avant sa première réunion publique d’envergure prévue le 8 janvier dans le Pas-de-Calais, selon Le Monde,Manuel Valls présentera ses propositions au début du mois, notamment le 5 janvier lors de l’Emission politique sur France 2. Un premier rendez-vous capital. Déjà à la télé.