L'offensive coordonnée de l'UMP contre "l'affaire de famille" au FN, après la suspension de Jean-Marie Le Pen

Publié à 09h58, le 05 mai 2015 , Modifié à 12h22, le 05 mai 2015

L'offensive coordonnée de l'UMP contre "l'affaire de famille" au FN, après la suspension de Jean-Marie Le Pen
© Montage le Lab via AFP

LINGE SALE - Ce n'est pas à proprement parler un angle d'attaque novateur, mais tous s'en saisissent de concert. Mardi 5 mai, au lendemain de la suspension de Jean-Marie Le Pen du FN, les cadres de l'UMP invités des matinales radio et télé moquent à l'unisson l'affaire de famille qui agite Nanterre. Et ils ne s'en prennent pas seulement au père et à la fille Le Pen, protagonistes principaux de cette tragédie frontiste : ils incluent également dans le scénario la petite-fille.

Ils ont recours à deux arguments principaux que l'on peut résumer ainsi : d'une, il est un peu gênant de voir toute cette violence au sein d'une famille ; de deux, comment prétendre gérer la France lorsqu'on ne sait pas régler ses problèmes personnels en privé?

# François Fillon, sur RTL

Le député de Paris est parmi les premiers à dégainer :

 

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Je pense que ça va ouvrir les yeux d'un certain nombre de Français sur la réalité de ce qu'est le Front national, c'est-à-dire une petite affaire familiale, une bagarre entre le père, la fille et bientôt la petite-fille.

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"C'est ensuite un parti d'extrême-droite et surtout un parti qui a un programme politique qui mettrait le pays à genoux en moins de six mois", estime encore l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Candidat à la primaire de la droite de 2016, il juge également que Jean-Marie Le Pen est "lucide" en considérant comme "scandaleuse" une éventuelle arrivée au pouvoir de sa fille en 2017.

# Christian Estrosi, sur France 2

Le député-maire UMP de Nice commence par railler la procédure disciplinaire engagée par le FN : "Tout ça pour ça. C'est un jeu de postures, c'est un jeu d'imposture, on sait très bien qu'une suspension n'est pas une exclusion. On vous fait sortir par la grande porte pour vous faire revenir par la porte de service." Il embraye :

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Mais ce qui est le plus choquant aux yeux des Français, sans doute, c'est cette forme d'obscénité de cette scène familiale, où vous avez la fille qui veut se donner une respectabilité après avoir pendant 20 ans adhéré à tous les propos, cautionné tous les propos du père, le père qui décide de répudier la fille et la petite-fille qui est aux aguets pour récupérer l'héritage.



[...] Les Français attendent d'un responsable politique, y compris dans son comportement familial, d'avoir une posture qui se fasse dans la dignité, qui apporte une image d'honneur, de respect de chacun des membres de sa famille.

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Or, ce que l'élu des Alpes-Maritimes voit dans la crise frontiste, "c'est de la haine, la haine qu'on est capable d'entretenir les uns contre les autres quand on se revendique, comme Jean-Marie Le Pen, du pétainisme, de valeurs racistes, de valeurs antisémites, auxquelles Marine Le Pen a toujours adhéré." Et comme il affrontera Marion Maréchal - Le Pen lors des élections régionales de décembre en PACA (enfin, depuis ce mardi, cela semble s'être compliqué du côté de la députée du Vaucluse), il ne rate pas l'occasion de cogner sur la plus jeune des Le Pen :

 

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Et la petite-fille qui reçoit la double investiture pour les régionales, et du grand-père et de la famille, et qui ne dit pas un mot, on voit bien qu'elle défend bec et ongles les positions du grand-père. 

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Dans une interview au Figaro publiée à la mi-journée, la députée du Vaucluse affirme être "profondément choquée, en particulier par les propos [que Jean-Marie Le Pen a tenus lundi". Le fondateur du FN a notamment dit "répudier" sa fille, souhaitant qu'elle "perde" le nom Le Pen "le plus rapidement possible". Marion Maréchal-Le Pen a donc mis sa campagne entre parenthèses pour ne "pas être prise en otage par Jean-Marie Le Pen".

# Brice Hortefeux, sur France Info

Nicolas Sarkozy lui-même ne s'est pas exprimé sur le sujet, mais c'est un peu sa position que fait entendre son ami de 30 ans. Le porte-parole officieux du président de l'UMP explique :

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Voilà une formation qui aspire à diriger le pays et qui n’est pas capable de mettre d’accord deux membres d’une même famille. C’est un peu anxiogène.

 

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Dernièrement, Nicolas Sarkozy avait tout de même indiqué, au sujet des élections régionales, que voir "la fille Le Pen dans le Nord et la petite-fille Le Pen dans le Sud" ne correspondait pas à "l'idée [qu'il se] fait de ce pays". Manière, pour lui aussi, d'attaquer sur les liens famiilaux au FN.

# Luc Chatel sur iTÉLÉ

Le député de la Haute-Marne souligne quant à lui que c'est la "haine" qui caractérise l'idéologie frontiste depuis "40 ans" qui finit par présider à la crise fille-père. Il dit :

 

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Cet épisode, ce qui se passe, est un peu le résultat de 40 ans de haine exacerbée. Quand vous avez prôné la haine pendant 40 ans, vous finissez par vous l'appliquer à vous-même, à votre famille.

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L'ancien secrétaire général de l'UMP considère que le défilé du 1er mai, durant lequel on pouvait entendre des propos fort sympathiques de la part de militants frontistes, a montré "le vrai visage du Front national". "On a un peu l'impression que le père dit tout haut ce que le Front national pense tout bas mais que la fille veut cacher. C'est un peu ça cette histoire", estime-t-il, avant de revenir sur le terrain familial :

 

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Je suis pas sûr qu'il y ait autant d'écart entre les uns et les autres, tout ça est très joué et surjoué. Mais enfin, un parti où on répudie la fille et où on tue le père après avoir été élue à 100% des voix parce qu'on était la candidate du père... c'est ça la démocratie du XXème siècle ? On nous expliquait que c'était la politique autrement, avec les comptes en Suisse et les emplois fictifs ? [...] Il y a encore un mois, on nous expliquait que le seul parti qui incarnait l'alternance en France, c'était le Front national. Regardez où il est aujourd'hui : ils sont pas capables de gérer leur PME familiale, vous croyez qu'ils vont gérer la France demain ?

 

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# Éric Ciotti, sur Radio Classique et LCI

Le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes est dans le sillage de ses camarades de la rue de Vaugirard :

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C'est la faillite d'une entreprise familiale. je crois qu'à terme ce qui se passe va éclairer les Français sur la vraie nature du Front national et oui, va contribuer à faire dégonfler cette illusion, cette bulle médiatique, cette tromperie qui abuse les Français sur la réalité du Front national. Le Front national, qu'est-ce que c'est ? C'est une entreprise familiale, partagée entre le père, la fille, désormais la petite-fille, le gendre, les autres filles. [...] L'objectif, c'est pour eux de conforter une entreprise familiale, la fille évince le père, en trompant les Français avec des illusions, avec un programme délirant qui surfe sur le malheur des Français.

 

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[BONUS TRACK]

Au PS, certains reprennent peu ou prou la logique "et ils voudraient diriger le pays ?", mais sans aller sur le terrain familial. Ainsi le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis estime qu'il faut pour cela "savoir gouverner son parti" :

Du rab sur le Lab

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