JMJ LIBRES - Le débat a été relancé par la polémique sur le burkini : faut-il légiférer pour interdire les signes d'appartenance religieuse dans l'espace public ? Certains, à droite et à l'extrême droite, y voient une exigence de la laïcité (qui établit la séparation des Églises et de l'État) et un moyen de lutter contre la montée de l'islamisme radical. Mais François Fillon n'est pas de ceux-là.
Samedi 3 septembre à La Baule, pour le Campus des Jeunes LR des Pays de la Loire, l'ancien Premier ministre a défendu sa position. "Parler de 'lutte contre les communautarismes', c'est une façon de ne pas nommer le problème que nous avons avec l'islam radical, a-t-il développé. Les catholiques, les protestants, les juifs, les bouddhistes, les sikhs, ne menacent pas aujourd'hui les valeurs de la République. Alors cessons de faire croire qu'il faut durcir les règles de la laïcité au prix d'atteintes inacceptables à la liberté religieuse, alors que seule la poussée intégriste qui enflamme le monde musulman est une menace pour notre société." Son idée est donc qu'il n'est pas nécessaire de s'attaquer à toutes les religions, puisque les dérives d'une "seule" posent aujourd'hui "problème" et "menacent les valeurs de la République".
"J'entends dire qu'il faudrait supprimer tous les signes religieux de l'espace public", a-t-il poursuivi dans une allusion à la proposition du FN en ce sens, mais aussi, dans une moindre mesure, à celle de Nicolas Sarkozy d'interdire "tous les vêtements ayant une signification religieuse à l'école, à l'université, dans son administration, sur son lieu de travail" (et pas dans l'espace public, donc, même s'il a eu une phrase qui pouvait le laisser penser). Et pour critiquer cette idée, François Fillon a dégainé un exemple encore inédit à ce jour : cela reviendrait à interdire le port de "t-shirts arborant le sigle des JMJ", les Journées Mondiales de la Jeunesse, événement catholique mondial ayant lieu tous les deux ou trois ans. Or là, quand même, ça irait beaucoup trop loin.
Le député de Paris a en effet expliqué :
"Mais alors, ça veut dire que les juifs ne pourront plus porter la kippa, que les catholiques ne pourront plus porter leur croix, que les sikhs ne pourront plus porter leur turban, que les jeunes qui participaient aux Journées Mondiales de la Jeunesse ne pourront plus porter de t-shirt arborant le sigle des JMJ ! C'est ça qu'on veut, c'est cette société-là dans laquelle nous voulons vivre ? Non, moi je suis pour le respect de la liberté religieuse, et je veux qu'on s'attaque sérieusement à la question de l'intégration dans la République du culte musulman.
"
A priori, les t-shirts ne sont pas considérés comme des signes ostensibles d'appartenance religieuse au même titre que le voile, la kippa ou le crucifix en pendentif. Mais il est vrai qu'on ne sait jamais comment peuvent évoluer ces choses-là. On a bien vu comment des arrêtés anti-burkini pouvaient conduire à des verbalisations de femmes portant un simple voile (qui est totalement légal) à la plage...
À l'heure actuelle, la législation interdit la dissimulation du visage dans l'espace public. Il s'agit de la loi de 2010, adoptée après un débat sur le port de la burqa. Le port de signes religieux est par ailleurs interdit dans les écoles publiques. "Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit", stipule ainsi l'article du Code de l'éducation créé par la loi de 2004.
La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, quant à elle, affirme que "nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi".