Séance d'explications ce 12 novembre lors de la réunion hebdomadaire du groupe PS à l'Assemblée, en présence de Jean-Marc Ayrault. Le député Malek Boutih a fait face aux réprimandes de ses camarades après avoir estimé qu'il fallait remplacer le Premier ministre "d'urgence" dans Le Parisien le matin même. Certains ont même demandé une sanction à son encontre, comme le raconte un participant au Lab.
Si l'option "sanction" a été écartée, Malek Boutih s'est retrouvé au centre des critiques avec "l'immense majorité des députés en bloc derrière Jean-Marc Ayrault", raconte le député de l'Ardèche Olivier Dussopt. "La réunion était une sorte de carthasis", poursuit un autre parlementaire.
Une réunion qui a commencé avec la colère de Bruno Le Roux. Le président du groupe socialiste a jugé que les propos de Malek Boutih n'étaient pas "admissibles", surtout dans le contexte actuel.
Elisabeth Guigou a également fait entendre son profond désaccord en reprochant directement au député ses propos "honteux".
Selon un autre député, deux voix ont tout de même pris la défense de Malek Boutih, à commencer par le député d'Indre-et-Loire Laurent Baumel, membre de la gauche populaire :
Laurent Baumel a dit que c’était facile de taper sur Malek Boutih. Qu'il n’était pas responsable de la situation, que le discours fiscal était devenu illisible.
Le député de Seine-Saint-Denis Razzy Hammadi s'est quant à lui montré plus nuancé. Selon ce député, il a tout d'abord souligné sa "solidarité totale avec le Premier ministre" avant de rappeler que, sur le fond, on ne devait pas "oublier l'action sociale" :
Il faut une réorientation de la politique sociale.
La députée de l'Hérault Anne-Yvonne Le Dain confirme au Lab que 90% des parlementaires ont pris fait et cause pour Jean-Marc Ayrault et a noté "quatre ou cinq maigres applaudissements" après l'intervention de Malek Boutih :
Il ne s’est pas étalé. Il a vu que sa prise de parole dans la presse avait énervé un peu tout le monde.
Un Malek Boutih qui a rappelé qu'il "assumait [ses] positions". Quelques minutes plus tôt, il expliquait aux journalistes n'avoir fait qu'exprimer "quelque chose que d'autres disent dans les couloirs."
Anne-Yvonne Le Dain tient tout de même à minimiser l'importance du cas Boutih dans cette réunion, essentiellement consacrée aux réactions aux événements du 11-Novembre.
Jean-Marc Ayrault est ainsi intervenu sur le fond, sans viser le député rebelle, pour répéter qu'il fallait être "solidaire, pédagogique et ne rien céder". Il a précisé que la solidarité n'était pas cantonnée à l'intérieur de l'hémicycle et qu'il fallait la montrer à l'extérieur, rapporte Olivier Dussopt.
Face aux critiques, le chef du gouvernement a vanté sa méthode de gouvernance qui ne tient pas compte, selon lui, des postures politiciennes :
Si ce n’est pas comme ça, alors ce n’est pas avec moi.
Ivan Valerio avec Delphine Legouté