L'image, violente, n'est pas sans en rappeler une autre. Au mois de mai, une voiture de police était incendiée et les agents qui l'occupaient attaqués par des casseurs, en marge d'un rassemblement contre les violences policières à Paris. La classe politique, le gouvernement tout particulièrement, s'en était grandement émue. Ce jeudi 15 septembre, nouveau jour de mobilisation contre la loi Travail, des débordements et affrontements ont encore une fois eu lieu à Paris.
En restera notamment cette image d'un CRS pris dans les flammes d'un cocktail molotov lancé par un casseur :
Quatre manifestants et quinze policiers ont été blessés dont deux présentant des brûlures (selon un décompte provisoire de la préfecture de police) et 62 personnes ont été arrêtées - dont deux pour violences sur agent de la force publique - avant et pendant la manifestation parisienne. 32 ont été placées en garde à vue. Un manifestant a été grièvement blessé à un œil, disant avoir reçu un projectile des forces de l’ordre, comme le rapporte BuzzFeed.
Un autre manifestant en sang à l'œil hurle aux policiers: "vous m'avez tiré dessus" #manif15septpic.twitter.com/XnMidx9Fz7
— David Perrotin (@davidperrotin) 15 septembre 2016
Alors que la loi El Khomri a officiellement été promulguée par François Hollande au mois d'août, ces manifestations ont moins mobilisé que celles d'avant l'été.
Si le gouvernement n'a pas encore réagi officiellement, nombre de responsables de droite et d'extrême droite se sont indignés de ces événements et de cette prise à partie particulièrement violente d'un CRS, diffusant la fameuse photo. "Le gouvernement doit interdire les manifestations menaçant l'ordre public" (une idée qui avait provoqué un grand flou gouvernemental en juin), a tonné Alain Juppé, quand Jean-François Copé a appelé l'exécutif à ne "pas se soumettre à cette violence" et à "agir". Le sénateur sarkozyste Roger Karoutchi s'est quant à lui demandé si nous étions "toujours en état d'urgence" :
Des CRS visés par des bombes incendiaires! Il faut arrêter cela. Le Gouvernement doit interdire les manifestations menaçant l'ordre public.
— Alain Juppé (@alainjuppe) 15 septembre 2016
Soutien à nos policiers. Le gouvernement ne peut pas se soumettre à cette violence. Qu'ils agissent ! #loitravailpic.twitter.com/i5hqdKgd71
— Jean-François Copé (@jf_cope) 15 septembre 2016
#manif15sept Tout mon soutien aux policiers blessés. Ces violences sont inacceptables. Le gouvernement doit agir. pic.twitter.com/b4HCnOlTIj
— Christian Estrosi (@cestrosi) 15 septembre 2016
Encore des casseurs aux manifestations sur la loi Travail..Au fait, nous sommes toujours en état d'urgence? pic.twitter.com/K5gl2kqGk8
— Roger KAROUTCHI (@RKaroutchi) 15 septembre 2016
Porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la primaire, Éric Ciotti y a vu le "symbole d'une autorité abandonnée par le gouvernement", et moqué cette "France fraternelle" que François Hollande dit porter dans une interview dont des extraits ont été publiés ce jeudi :
Terrifiante image d'un CRS brulé lors de la manif #AntiLoiTravail, symbole d'une autorité abandonnée par le GVT pic.twitter.com/GEUri997S6
— Eric Ciotti (@ECiotti) 15 septembre 2016
Voici "la France fraternelle" que "porte" François Hollande selon ses mots dans une interview parue aujourd'hui ! pic.twitter.com/DO0H47o22V
— Eric Ciotti (@ECiotti) 15 septembre 2016
"La France que je porte est la France fraternelle" — @fhollande#LeDébatpic.twitter.com/ruqk3Qa4xw
— Élysée (@Elysee) 15 septembre 2016
Plus sobre, Nicolas Dupont-Aignan a commenté cette "image effroyable et insupportable" en apportant son "soutien au policier brûlé" et en affirmant : "Manifester, oui, mais dans le respect des forces de l'ordre."
Image effroyable et insupportable ! Manifester, oui, mais dans le respect des forces de l'ordre. Soutien au #policier brûlé. #LoiTravail
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 15 septembre 2016
Au FN aussi, l'image a fortement fait réagir. Le député RBM Gilbert Collard y est allé de son jeu de mots sur un "gouvernement de pistolets à eau pour éteindre l'incendie qui brûle nos institutions". Le numéro 2 du parti d'extrême droite, Florian Philippot, a considéré que les responsables de ces actes devaient "pourrir en prison", eux qui par-dessus le marché "discréditent la lutte nécessaire contre l'infâme loi Travail" :
On a un gouvernement de pistolets à eau pour éteindre l'incendie qui brûle nos institutions : pic.twitter.com/tWlxLlAEWv
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) 15 septembre 2016
Ceux qui font ça doivent pourrir en prison. De plus ils discréditent la lutte nécessaire contre l'infâme #LoiTravailpic.twitter.com/XHDxao90vr
— Florian Philippot (@f_philippot) 15 septembre 2016
Du côté du PS, le député Sébastien Pietrasanta a "dénoncé avec la plus grande vigueur les nouvelles violences contre forces de l'ordre" et "exprimé toute [sa] solidarité aux policiers blessés" :
Je dénonce avec la plus grande vigueur les nouvelles violences contre forces de l'ordre et exprime toute ma solidarité aux policiers blessés
— PIETRASANTA (@S_PIETRASANTA) 15 septembre 2016
[EDIT 20h]
Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur "salue le professionnalisme et le sang-froid des forces de l'ordre engagées pour assurer l'ordre public et protéger le droit de manifester". Bernard Cazeneuve adresse aux policiers et gendarmes blessés "son entier soutien et ses vœux de prompt et rapide rétablissement".
Beauvau condamne des "violences inacceptables" et assure que les individus interpellés, au nombre de 62, dont 32 ont été placés en garde à vue, "devront répondre de leurs actes devant la justice".