HALTE AU FNPS - C'est sur Facebook que Manuel Valls a décidé, lundi 28 décembre, de répondre aux critiques qui visent le gouvernement, qui souhaite étendre la déchéance de nationalité aux binationaux nés Français et condamnés pour terrorisme. Et le Premier ministre en a vraiment marre que certains racontent que cette idée est d'extrême droite.
De nombreux responsables politiques rappellent que cette proposition figure, entre autres, dans le programme du Front national - les dirigeants de ce dernier se félicitent même que François Hollande "reprenne" leurs idées. Alors le chef du gouvernement en a gros. Il écrit :
"Je ne peux laisser tout dire sur la déchéance de nationalité : revenons aux faits ! [...] Comment peut-on dire que priver de la nationalité française des terroristes condamnés serait une idée d’extrême droite ?
"
Il précise ensuite sa pensée, se faisant fact-checkeur des arguments de cette gauche qui "s’égare au nom de grandes valeurs" :
"D’abord, parce que c’est strictement faux : ce principe existe dans de nombreux pays démocratiques proches de la France : en Grande-Bretagne, au Canada, en Suisse, aux Pays-Bas et d’autres encore, sans doute. Le même débat existe en Belgique. En Allemagne, la question ne se pose pas puisque la binationalité n’y est pas autorisée [c'est faux, voir en fin d'article, ndlr].
Ensuite, parce qu’affirmer cela permet au Front national et aux cercles identitaires de renforcer leur propagande.
"
"Il faut au contraire dire que ce qui est une idée d’extrême droite, c’est de fonder la nationalité exclusivement sur le sang, sur l’appartenance ethnique, sur ce qui par nature ne peut jamais être révoqué, poursuit Manuel Valls, qui a fait du combat contre le FN un enjeu essentiel. Car les doctrines d’extrême droite tournent radicalement le dos à la conception historique ouverte de la Nation française, fondée sur l’adhésion à l’idéal républicain et sur la volonté commune de vivre ensemble qui unit tous les citoyens français !"
Et puisque certains rappellent que le régime de Vichy a largement utilisé la déchéance de nationalité, le Premier ministre aussi y va de sa référence historique pour assurer le bien-fondé de sa politique :
"Souvenons-nous que la première procédure de déchéance de nationalité a été instituée par la IIème République, à l’article 8 du décret du 27 avril 1848. Il s’agissait alors d’exclure de la République les esclavagistes qui refuseraient de se conformer à l’abolition de l’esclavage. Une mesure de déchéance après condamnation pour un crime terroriste par un tribunal indépendant n’a absolument rien à voir avec les actes discriminatoires du régime raciste et antisémite de Vichy.
"
[Edit 15h] Le député PS frondeur Pouria Amirshahi n'est vraiment pas d'accord avec Manuel Valls. Dans un post Facebook adressé au Premier ministre, il écrit :
"Tu demandes 'comment peut-on dire que priver de la nationalité française des terroristes condamnés serait une idée d’extrême-droite ?'. Et bien, Manuel parce que toute l'extrême droite la revendique depuis longtemps et, de tous les camps politiques, c'est le seul, absolument le seul, à avoir salué la mesure à l'unanimité. La meute est ainsi lâchée, il suffit de lire les messages que nous recevons les uns et les autres.
"
Amisrshahi *conseille* aussi au chef du gouvernement de se "remettre en cause" :
"Au-delà de l'insulte qui est faite à beaucoup, la mauvaise foi ne peut te conduire jusqu'à affirmer que les partisans de la citoyenneté et de l'égalité véritables, qui s'opposent à ce projet, alimenteraient le Front National. N'inverse pas les responsabilités s'il te plaît. Mieux vaut se remettre en cause, ne crois-tu pas ?
"
[BONUS TRACK] Eh bien c'est fauuuuuux
Manuel Valls n'a visiblement pas suivi tous les développements à ce sujet outre-Rhin. Certes, de manière générale, la double nationalité est interdite en Allemagne. Mais en juillet 2014, le Bundestag a voté une loi permettant aux enfants nés en Allemagne de parents qui ne sont pas citoyens de l'Union européenne ni de Suisse d'obtenir cette double nationalité.
Jusqu'alors, la double nationalité allemande - d'un pays de l'UE ou suisse était permise. Et à 23 ans, les enfants d'immigrés devaient choisir l'une des deux. Ces enfants peuvent désormais détenir deux passeports : un allemand et un autre s'ils ont vécu huit ans en Allemagne ou s'ils y ont étudié au moins six ans, et ce avant leur 21ème anniversaire. La mesure concerne surtout les ressortissants turcs.