Mariage gay : comment Taubira a grillé la priorité à Bertinotti

Publié à 13h15, le 11 septembre 2012 , Modifié à 16h35, le 11 septembre 2012

Mariage gay : comment Taubira a grillé la priorité à Bertinotti
Dominique Bertinotti et Christiane Taubira. (Montage Le Lab à partir de photos MaxPPP)

C’est une queue de poisson en règle, en quatre actes. Alors que Dominique Bertinotti, ministre déléguée à Famille, a toujours pris soin de ne pas en dire trop sur le mariage homosexuel, mettant en avant la nécessaire "concertation" sur le sujet, Christiane Taubira, qui copilote le projet de loi, a exposé en double page les tenants de la réforme ce 11 septembre dans La Croix.

Le Lab vous retrace l’histoire de la prudente Bertinotti doublée par la bavarde Taubira.

  1. Les réponses de Taubira ? Un simple "préprojet"

    Sur La Croix

    [Acte 1]  Une priorité oui, mais un débat d’abord

    C’était un des points phares du programme de François Hollande : permettre à tous, hétérosexuels comme homosexuels, de se marier et d’adopter des enfants. Lorsque Dominique Bertinotti assure que « l’engagement sera tenu » le 29 août dans Têtu, c’est sans surprise et en toute modération. La ministre déléguée à la Famille, qui travaille en binôme sur le sujet avec la garde des Sceaux, se garde bien d’entrer dans les détails et s’interroge toujours sur certaines modalités, notamment celles de l’adoption.

    Oui, il y aura projet de loi mais il y aura avant tout "concertation", la méthode préférée du gouvernement. Dans le texte, cela donne :

    Nous avons à travailler avec toutes les associations qui sont directement concernées (…)

    Le gouvernement souhaite un débat de qualité. Avec la garde des Sceaux, Christiane Taubira, nous y veillerons.

    Le projet de loi sur le mariage pour tous est finalement annoncé pour fin octobre, date à laquelle il passera encConseil des ministres avant d’être déposé au Parlement.

    [Acte 2] Les Verts s’agitent, Bertinotti reste prudente

    Le groupe écologiste au Sénat trépigne. Le mariage pour tous c’est "maintenant", alors les sénateurs prévoient de sortir une proposition de loi de 21 pages sur le sujet le 12 septembre. Dans ses pages, Libération détaille le texte et fait réagir Dominique Bertinotti.

    Toujours aussi prudente, la ministre Bertinotti ne dévie pas et lance un vague :

    Cette proposition témoigne de l’intérêt de toutes les composantes de la majorité pour le sujet, ce dont nous nous réjouissons […]

    Le gouvernement travaillera en lien étroit avec tous les parlementaires qui souhaitent s’impliquer.

    Autrement dit, pas question de s’étaler davantage sur les intentions du gouvernement, l’heure est toujours à la réflexion.

    [Acte 3] Taubira s’expose sur deux pages

    Jusque là muette sur le sujet, la ministre de la Justice est sollicitée par La Croix. Et là, sur deux pages le 11 septembre, elle fait tout l’inverse de sa co-ministre : elle détaille, avance, précise.

    On lui pose la question, alors Christiane Taubira répond. Les maires seront obligés de célébrer les mariages gays, l’adoption se fera "dans un cadre identique à celui actuellement en vigueur", de façon simple ou plénière, le projet ne prévoit pas d’autoriser la procréation médicalement assistée pour les couples homosexuels … Autant d’informations que Dominique Bertinotti n’avait pas voulu donner avant débat.

    Notez que dans une interview à paraître le 26 septembre dans Têtu, la ministre de la Justice se montre bien plus évasive.

    [Acte 4] L’entourage de Bertinotti tente de dégonfler les annonces

    Le jour même de l’interview, l’entourage de la ministre déléguée à la Famille tente de garder la main en ne parlant que d’un "préprojet". Il explique à l’AFP :

    Nous sommes au début des auditions. On ne peut préjuger de leur contenu. Au terme de ces échanges, un projet sera soumis à l'arbitrage du président de la République et du Premier ministre.

    Les premières auditions démontrent que des questions sont ouvertes, notamment quant au statut du tiers (beau-parent) ou encore à l'adoption pour les couples non mariés.

    Trop tard.

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