Nouvelle séance jusqu'au très petit matin ce 7 février à l'Assemblée nationale. Les députés ont échangé jusqu'à 4 heures sans parvenir à voter l'article 4 du projet de loi prévoyant que les termes "père" et "mère" du code civil soient compris comme celui de "parent" dans le cas de couples homosexuels. L'opposition a déposé quelque 1.400 amendements sur cet article et une centaine restent à débattre.
Peu avant la suspension de séance, c'est le député UMP Xavier Breton qui a souhaité défendre sa position. Et là, le "trouple" est sorti.
L'argumentaire du député s'éloigne des questions de "père" et de "mère" dans le code civil et revient sur "la conception" même du mariage. Sa logique : si on commence à ouvrir le mariage "pour tous", pourquoi le refuser aux triangles amoureux ?
Vous savez qu’il y a un mot qui explique le couple à trois, c’est trouple.
Vous avez d’ailleurs des sites, par exemple trouples.fr qui dit ceci : "L’objet de ce site est de présenter l’amour à trois, il s’agit de parler de sentiment, le fait d’aimer deux personnes, et si celles-ci s’aiment aussi, est une alternative à la norme des couples". Ca doit vous plaire la norme ! (...)
Si vous êtes dans l’expression "faire famille", comme direz-vous non à ces trouples qui voudront se marier ? Puisqu’ils font famille aussi.
Interpellée directement, Christiane Taubira n'a pas souhaité répondre à ce type de raisonnement. Au moment de voter l'amendement de Xavier Breton, le rapporteur socialiste du texte, Erwann Binet a donné avec ironie son avis :
Défavorable aux trouples madame la présidente !
Les "trouples" avaient déjà été évoqués plus discrètement le 1er février par Marion Maréchal-Le Pen au moment de défendre son amendement en séance. La député frontiste disait alors :
Si nous considérons que la société ne doit pas imposer à l’individu de rentrer dans un standard juridique fondé sur les lois naturelles, pourquoi ne pas laisser les personnes organiser leur vie privée comme elles l’entendent et reconnaître après cela les poly-amours ou les "trouples", mot employé dans un article de la revue Têtu ?
Xavier Breton s'est quant à lui déjà fait remarquer dans les débats, et surtout sur twitter, en qualifiant les députés socialistes de "talibans du progrès".