C'EST PAS NOUS, C'EST EUX - Non, l'UMP n'est pour rien dans les dérapages du débat sur le projet de loi d'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe au Palais Bourbon. C'est ce qu'a tenu à faire comprendre Hervé Mariton , invité de la matinale de RFI, ce vendredi 1er février .
Le député de la Drôme, un des chefs de file de son parti contre le mariage pour le tous , avait pourtant prévenu :
"Le débat est passionné, c'est normal pour un débat important. [...] Comme le disait la ministre de la Justice, c'est un enjeu de civilisation, avec des dimensions moralitiques. [...]
Nous nous en remettrons, mais [il y a] des dérapages d'une certaine gravité. Je ne dis pas ça pour exprimer naïvement "c'est pas moi, c'est l'autre".
"
Quelques secondes plus tard, Hervé Mariton met malgré tout la faute sur ses collègues socialistes à l'Assemblée nationale.
"Mais la réalité, constatée et avouée d'ailleurs, par les formations politiques concernées, c'est que ça vient clairement de la majorité.
Je pense que la majorité est trop sûre d'elle même. Et quand on est trop sûr de soi, le son classique de la vie : on tend à faire des bétises.
"
Et de poursuivre en donnant deux exemples :
"Quand tel collègue fait un développement sur le triangle rose dans l'attaque qu'il formule à notre égard, sous entendant un amalgame triangle rose, homophobie, opposition d'aujourd'hui.
Quand un autre fait un lien entre notre position et les talibans, il y a tout de même un problème.
"
La première illustration fait clairement allusion aux propos du député PS Christian Assaf , qui a fait référence à la Seconde guerre mondiale à la tribune de l'Hémicycle le 30 janvier.
Le deuxième exemple de Hervé Mariton est un peu plus subjectif. Le mercredi 30 janvier, toujours dans l'Hémicycle, le député de la troisième circonscription de la Drôme a accusé son homologue PS, Bernard Roman, de le traiter de "taliban".
Le Lab a retrouvé, dans le compte-rendu de séance disponible sur le site Internet de l'Assemblée nationale , la discussion entre quatre députés (Philip Cordery, PS ; Philippe Gosselin, UMP ; Bernard Roman, PS ; Hervé Mariton, UMP), à l'origine de cette accusation. Voici cet échange :
"M. Philip Cordery. Monsieur le président, mesdames les ministres, chers collègues, ça y est, nous y sommes ! Il est une heure quarante-cinq, nous achevons notre discussion générale. Ça y est, nous y sommes, la France va enfin devenir un pays normal ! (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe UMP.)
M. Philippe Gosselin. Un pays normal, c’est quoi ?
M. Philip Cordery. Elle va rejoindre le concert des nations qui ont déjà légiféré pour offrir l’égalité à tous les couples quelle que soit leur orientation sexuelle : Belgique, Pays-Bas, Espagne, Portugal, Danemark, Suède, Afrique du Sud, Argentine, Canada, Uruguay et de nombreux États du Brésil, du Mexique et des États-Unis.
M. Hervé Mariton. Et tous les autres ?
M. Bernard Roman. L’Inde, la Chine, le Pakistan, c’est cela qui vous intéresse ?
M. Philip Cordery. Dans tous ces pays, le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe sont devenus banals. Et, n’en déplaise à certains, leurs sociétés n’ont en rien été déstabilisées. [...]
M. le président. La discussion générale est close. La parole est à Mme Dominique Bertinotti…
M . Hervé Mariton. Monsieur le président, je demande la parole pour un rappel au règlement !
M. le président.…ministre déléguée chargée de la famille. Monsieur Mariton, j’ai donné la parole au Gouvernement. Vous pourrez intervenir ensuite.
M. Hervé Mariton. Monsieur le président, c’est inadmissible. Je ne peux laisser M. Roman me traiter de taliban !
M. Bernard Roman. Je n’ai jamais dit cela ! Vous entendez mal ! Vous le verrez à la lecture du compte rendu de séance !
M. Hervé Mariton. Nous avons au contraire très bien entendu ! Au moins pourriez-vous vous excuser !
"