Parlez-moi du ministre, pas de l'homme, Jérôme Cahuzac. C'est en substance le message que voulait faire passer Marion Bougeard ce mardi 23 juillet devant la commission d'enquête sur les éventuels dysfonctionnements dans l'action du gouvernement entre le 4 décembre 2012 et le 2 avril 2013 dans l'affaire Cahuzac.
Celle qui a été officiellement la "conseillère communication et relations extérieures" de Jérôme Cahuzac assure devant les députés avoir travaillé aux côtés du ministre plutôt que de l'homme au coeur d'une affaire de fraude fiscale.
"Mon travail ne consistait pas à faire la com' de l'homme, mais à porter le message du redressement dans la justice", a-t-elle avancé dans son propos liminaire. Avant de marteler :
Je n'ai jamais eu à écrire quoi que ce soit sur cette affaire. [...] J'étais rémunérée au sein du cabinet pour travailler sur les questions fiscales.
Selon elle, l'affaire du compte caché concernait les avocats de Jérôme Cahuzac. Jusqu'à dire que ses relations presse, dont elle avait aussi la charge en théorie, étaient directement gérées par le ministre dès lors qu'il s'agissait de l'affaire.
Et pour montrer qu'elle n'a rien à voir avec "le menteur", Marion Bougeard évite au maximum de prononcer son nom, déployant des trésors de rhétorique, faisait plutôt référence à "l'homme dont vous parlez", que directement au nom de Jérôme Cahuzac.
D'autres preuves ? Marion Bougeard était, affirme-t-elle, déjà très occupée par ses occupations quotidiennes :
Nous avions une tâche quotidienne extrêmement lourde. A ce moment, ça paraît étonnant, mais j'ai poursuivi ma tâche. Nous préparions le comité national de lutte contre la fraude, le nouveau site impots.gouv.fr, le CICE, … Nous n'avions pas à nous préoccuper de la communication de l'homme, sachant que l'agenda de la com' du ministre était déjà bien chargé.
C'est même "accidentellement" que Marion Bougeard a été mise au courant de la "muraille de Chine" érigée le 10 décembre autour de Jérôme Cahuzac. Elle assure avoir eu vent de cette directive excluant Jérôme Cahuzac, et signé de lui même, de toutes les questions concernant les mesures prises à la suite du scandale du compte caché par "un échange de parapheurs".
Et jusqu'au 2 avril, elle n'était au courant de rien, témoigne l'ex-conseillère com' :
Je peux vous l'affirmer, je n'ai pas été manipulée, mais j'ai été abusée.
Une pièce finalement semblable à celle jouée par Stéphane Fouks, le 17 juillet devant la même commission, qui n'a pas apporté d'élément supplémentaire et qui assure n'avoir tenu aucun autre rôle que celui d'ami auprès de Jérôme Cahuzac. Comprendre : je n'ai servi à rien dans cette histoire.