Michèle Delaunay veut "panthéoniser" l'instituteur d'Albert Camus

Publié à 15h42, le 10 septembre 2013 , Modifié à 15h51, le 10 septembre 2013

Michèle Delaunay veut "panthéoniser" l'instituteur d'Albert Camus
Michèle Delaunay lors d'une séance de questions au gouvernement, le 23 juillet 2013. (Christophe Petit-Tesson/MaxPPP)

HUSSARDS NOIRS - Chacun a le sien : Jacques Attali a Denis Diderot, Fleur Pellerin Stéphane Hessel, Anne Hidalgo Olympe de Gouge... Quoi donc ? Un candidat à la "Panthéonisation".

Une consultation internet a été lancée à l'invitation de François Hollande sur le site officiel du monument où sont enterrés les grands hommes (et femmes) de la nation française. De son côté, la ministre chargée des Personnes âgées et de l'autonomie, qui avait évoqué fin août Edith Piaf a finalement fait connaître son choix mardi 10 septembre sur son blog : Louis Germain.

Vous ne voyez pas de qui il s'agit ? Son nom est en effet assez méconnu. "Hussard noir" - c'est ainsi que Charles Péguy avait surnommé les instituteurs sous la IIIe République - de son état, il enseignait dans les années 20 à Alger, où il avait fait la rencontre d'un certain Albert Camus.

Récompensé d'un Prix Nobel de littérature en 1957, ce dernier avait dédié cette récompense à son instituteur avant de lui envoyer une lettre d'hommage - que Michèle Delaunay a également mise en ligne sur son blog.

"Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé", y écrit notamment l'auteur de La Peste ou de l'Etranger.

Pour Michèle Delaunay, ce choix aurait un double avantage. Il permettrait d'abord de rendre hommage aux enseignants :

Il est aujourd’hui mon candidat pour entrer au Panthéon au nom de tous ces « hussards noirs de la République » qui ont compté si fort dans la construction de cette République et dans l’éducation d’enfants de tous milieux et de tous lieux, y compris cette Algérie lointaine d’alors.

Et permettrait de passer outre la volonté de la famille d'Albert Camus de ne pas transférer le corps de l'écrivain, qui aurait eu cent ans le 7 novembre, du cimetière de Lourmarin, dans le Lubéron :

Catherine Camus, on s’en souvient, a préféré, après la proposition de Nicolas Sarkozy de panthéoniser son père pour le cinquantenaire de sa naissance, que celui-ci demeurât sous les Lavandes de Lourmarin.

Je crois pouvoir dire (je lui ai écrit) qu’elle ne serait pas opposée à ce qu’il y entrât à l’occasion du centenaire de sa naissance pour accompagner de son aura et de sa reconnaissance, Louis Germain.

[BONUS TRACK] - "PEU APRES LOURMARIN"... EN BOURGOGNE

Le court billet, très travaillé, rend dans le même temps hommage à l'enseignant et à son élève devenu écrivain, revenant notamment sur la vie et la mort tragique de ce dernier.

Seul bémol, pointé dans un commentaire du post de blog, cette phrase :

Trois ans à peine plus tard, une petite serviette de cuir est éjectée d’une Facel Véga écrasée sur la route, peu après Lourmarin.

Dans la voiture, Michel Gallimard, Albert Camus, morts tous les deux.

Si Albert Camus est bien mort sur la route en revenant de sa maison du Lubéron le 4 janvier 1960, c'est au lieu dit Le Petit-Villeblevin que l'accident de voiture à lieu.

Et Villeblevin n'est pas tout à fait situé à proximité de Lourmarin. La commune se trouve près de Fontainebleau, dans l'Yonne... à quelques 700 km du Lubéron.

En d'autre termes, c'est après plus de 6 h de route que la voiture transportant Albert Camus et Michel Gallimard a heurté un arbre. Une vision un peu extensive du "peu après" !

Du rab sur le Lab

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