Pour l'instant, il dit "niet". Mais s'apprête tout de même à filer doux ... Le président UDI du conseil général de la Mayenne, Jean Arthuis ne va pas retirer sine die son arrêté du 24 juillet dernier, par lequel il refusait de continuer à accueillir des mineurs étrangers dans des structures d'accueils de son département, mais le fera dans quelques semaines.
Contacté par le Lab ce mercredi 7 août, Jean Arthuis affirme qu’il "maintient l’arrêté" mettant fin à "tout nouvel accueil de jeunes étrangers par le service de l’aide sociale à l’enfance", mais uniquement jusqu'au 20 août, date d'une rencontre avec Christiane Taubira.
Voici l’arrêté en question :
Au Lab, Jean Arthuis explique:
C'est un arrêté provisoire [...]
Je maintiens l’arrêté jusqu’à ce rendez-vous, fixé autour du 20 août, je crois. […]
Ce sera l’occasion pour moi de voir ce que fait le gouvernement parce que la circulaire de madame Taubira, qui est extrêmement difficile à appliquer, s’attaque aux conséquences mais pas aux causes. J’attends du gouvernement qu’il mène le combat contre les filiales clandestines.
Christiane Taubira, ministre de la Justice, et Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, l’avaient sommé, dans un communiqué envoyé le mardi 6 août, de retirer "cet acte illégal". "A défaut, il sera déféré devant la juridiction administrative", assurait le communiqué.
D’ici là, Jean Arthuis espère que son "signal d’alarme" lancé au gouvernement trouvera un écho auprès d’autres élus :
Je pense que Manuel Valls et Christiane Taubira redoutent un effet de contagion parce qu’il y a probablement d’autres départements qui sont confrontés aux mêmes difficultés.
Jean Arthuis lance, par ailleurs, une pique à la garde des Sceaux, établissant un parallèle entre la "saturation" ses services départementaux et le surpeuplement des prisons françaises:
Je n’ai plus de place. J’avais cinq jeunes mineurs étrangers isolés il y a trois ans, j’en ai 57 aujourd’hui. Je n’ai plus de place. Madame Taubira doit savoir ce que c’est de ne plus avoir de place lorsque les magistrats relâchent des détenus faute de place dans les prisons. […] Elle est à la limite également.
Jean Arthuis conclut :
Je vis une situation grave. J’exerce mes responsabilités avec gravité. […] Ca ne m’amuse pas du tout de faire cette démarche. […] Si je retrouve de la capacité d’accueil, on peut parler. Mais de grâce qu’on arrête de nourrir je ne sais quel procès.
Jérémy Gabert
Edit, 7 août, 17h : ajout de précisions sur la date du retrait de l'arrêté. Le titre de l'article a été modifié en conséquence.