Recalé par Anne Hidalgo en tant que tête de liste dans le 5e arrondissement de Paris, Bernard Rullier avait bien l’intention de prendre la place de numéro 2 derrière la candidate investie.
Selon les informations du Lab, il n’en sera rien : sauf rebondissement de dernière minute, ce proche de François Hollande, qui est son conseiller parlementaire à l'Elysée, militant de longue date dans le 5e, ne participera pas à la liste menée par Marie-Christine Lemardeley. Et voit s’envoler tout mandat de conseiller municipal.
Bernard Rullier l’assure au Lab ce mercredi :
Je ne serai pas sur la liste, j’en prends acte.
Après une première réunion de la commission électorale du 5e arrondissement le 18 novembre - réunion qui n’a abouti à aucun compromis - ses membres doivent se retrouver ce mercredi soir et s’accorder sur une liste à présenter aux militants. La validation finale sera dans leurs mains jeudi 21 novembre.
Exclu dès la première version de la liste, Bernard Rullier a décidé de ne pas s’obstiner assure-t-il au Lab. Ce mercredi soir, pas question de pousser pour avoir une place.
Le conseiller parlementaire du président de la République a même la "conviction" qu’un vote des militants en sa faveur ne changerait rien :
Si j’avais été désigné par mes camarades, la fédération serait intervenue pour ne pas retenir ma candidature, même après le vote des militants.
J’ai compris qu’ils ne voulaient pas de moi comme conseiller municipal.
Bernard Rullier se retire mais voit dans ce rejet, qu’un de ses partisans considère tout simplement comme une "purge", la main d’Anne Hidalgo, opposée à sa présence sur la liste dès le départ selon lui :
Anne Hidalgo ne souhaite pas que je sois numéro 2.
Le patron de la fédération socialiste de Paris et codirecteur de campagne d'Anne Hidalgo, Rémi Féraud, qui a aidé Marie-Christine Lemardeley à constituer sa liste "sans jamais lui dicter quoi que ce soit", concède ne pas avoir eu envie "plus que cela" de voir Bernard Rullier parmi les candidats. Rien à voir toutefois, promet-il, avec la volonté d’Anne Hidalgo de s’éloigner de l’Elysée pour sa campagne.
Contrairement à la "conviction" du conseiller élyséen, Rémi Féraud assure même qu’il n’y a "aucun veto" contre le choix Rullier :
Si sa candidature doit être la solution pour débloquer la situation, alors ce sera le cas.
Il n’y a pas de veto.
Dans le 5e, la constitution de la liste est en effet au point mort. Lors de la réunion du 18 novembre, deux propositions de listes par Marie-Christine Lemardeley ont été rejetées après vote. L’une proposait un trio, Marie-Christine Lemardeley, Axel Rabourdin (secrétaire de la section) et Lyne Cohen-Solal (conseillère de Paris). L’autre remplaçait Axel Rabourdin par Louis Lefèvre-Utile (conseiller d’arrondissement).
Le blocage ne se résume pas au cas de Bernard Rullier. Une défiance générale s’est installée dans la section depuis qu’Anne Hidalgo a annulé le vote des militants en octobre pour imposer sa tête de liste issue de la société civile.
Rémi Féraud résume ainsi la situation :
Ces épisodes témoignent des difficultés assez anciennes du Parti socialiste du 5e à se rassembler et à prendre une décision. Cela n’a rien de dramatique. (...)
A ce stade, est-ce la liste proposée ou plutôt la composition de la commission électorale qui pose problème ?
Bernard Rullier de son côté, sans doute conscient que sa fonction de conseiller élyséen ne l’autorise pas à faire des vagues, dit au Lab vouloir "prendre ses distances avec tout cela". Il participera à la réunion de ce mercredi soir "en simple militant" et "ne fera rien".
Lors de son premier échec en tant que tête de liste, le conseiller avait décidé de faire profil bas et d’appeler à "l’unité dans le 5e". Il s’était par la suite affiché à plusieurs reprises avec la candidate pour montrer son soutien :
Le plaisir d'une matinée partagée avec @MCLemardeley,le ministre @_PhMartin_ et dans le 5e.#paris2014pic.twitter.com/22zQd1sUNE
— Bernard Rullier (@BernardRullier) 16 Septembre 2013
Un effort qui ne lui aura pas ouvert les portes de la mairie.