LES HOMMES QUI SOUFFLENT A L'OREILLE DE MARINE LE PEN - On avait d'abord cru que Marine Le Pen venait d'apprendre en direct l'annulation de son procès. En fait, l'histoire est un tout petit peu plus compliqué... Décryptage de la séquence.
Lundi 8 juillet, Marine Le Pen est l'invitée de l'émission de Raphaëlle Duchemin sur France Info. Elle revient sur les propos de son père sur les Roms, parle des dangers du fondamentalisme islamique... Une interview tout ce qu'il y a de plus routinière.
Elle est également interrogée sur son procès pour diffamation, qui doit avoir lieu mardi explique la journaliste, devant le tribunal correctionnel de Nanterre. Ce procès, intenté par l'UOIF (Union des organisations islamiques de France), fait suite à la publication en mars 2012 d'un communiqué dans lequel la présidente du FN réclamait la dissolution d'une organisation décrite comme "proche des islamistes, sinon même des terroristes".
En réponse, la présidente ne se prononce pas sur le procès en lui-même, mais sur la fédération musulmane :
L'UOIF en toute circonstances a défendu des positions de défense du fondamentalisme (...), par conséquent je ne vois pas pourquoi un tribunal pourrait me condamner pour ces propos.
L'interview se poursuit ensuite, et Marine Le Pen y déplore "un vrai problème avec la liberté d'expression" dans le pays :
En France on peut s'inquiéter de la dérive consistant à tenter d'empêcher les prises de position lorsque elles ne répondent pas au politiquement correct.
Je suis trainée devant les tribunaux à tout bout de champ pour dire des choses qui sont pourtant une évidence dans l'esprit de beaucoup de Français.
Mais deux minutes plus tard, le responsable de sa communication Alain Vizier entre dans le studio et lui tend un téléphone allumé. A l'écran, explique-t-il ensuite au Lab, un SMS de Wallerand de Saint-Just, l'avocat du FN. La présidente du Front national y jette un rapide coup d'oeil comme on peut le voir dans la vidéo mise en ligne sur le compte Dailymotion de la radio (à 6'40), mais poursuit son exposé sans s'arrêter.
Ce n'est qu'au moment de la relance de la journaliste qu'Alain Vizier revient à la charge, pointant le téléphone. Marine Le Pen lit alors plus attentivement, puis interrompt l'intervieweuse :
On vient de m'indiquer que le procès de l'UOIF tombe pour des raisons de procédure. Par conséquent il n'y a pas que Nicolas Sarkozy qui n'est pas sérieux, il y a aussi l'UOIF, semble-t-il.
Breaking news ? Pas tout à fait, explique ensuite l'avocat du FN au Lab. En fait, cela fait un moment qu'il est au courant de l'annulation du procès...
Cela fait déjà plusieurs semaines qu'on sait qu'il n'y aura pas de procès.
Dans des procédures de ce type, la partie civile, en l'occurence l'UOIF, doit consigner une certaine somme, autour de 1000 euros je crois. Or l'UOIF ne l'a pas fait.
Comment expliquer alors cet oubli ? L'avocat du FN en impute la responsabilité à l'AFP :
Dans leur agenda hebdomadaire (où l'agence détaille les échéances à venir au cour de la semaine), ils ont écrit que le procès aurait lieu... C'est pour ça que j'ai appelé pour rectifier.
C'est donc bien plutôt un rectificatif qu'un "Breaking news" que Wallerand de Saint-Just, qui "écoutait Marine sur internet" comme il le dit au Lab, envoie à Alain Vizier. Lequel s'empresse de relayer l'information en studio.
Pour autant, explique-t-il, cet abandon de procédure ne cloture pas l'affaire :
Ils veulent une nouvelle procédure en janvier. On verra si cette fois ils provisionnent l'argent...
Mais je ne comprend rien à cette affaire ! Elle est nulle sur le fond, et on ne se conduit pas comme ça avec la justice... Je pense qu'on demandera un dédommagement pour procédure abusive.
Marine Le Pen n'a donc pas fini d'être "trainée à tout bout de champ devant les tribunaux", comme elle dit. Début juillet, son immunité parlementaire a été levée après ses propos sur les "prières de rue" comparées à une "occupation". Propos qui font l'objet d'une plainte déposée par le Mrap, le mouvement contre le racisme et l'amitié entre les peuples.