A l'occasion d'un article consacré à Harlem Désir, Libération recueille ce 28 décembre les témoignages des mécontents du PS. Pour la plupart anonymes, ces "cadres" ou ces "ténors" du parti balancent sur le Premier secrétaire. En substance : il n'est qu'un suppôt du gouvernement.
Parmi les seuls à parler à visage découvert, on trouve Emmanuel Maurel, représentant de la gauche de la gauche au PS et premier signataire de la motion "Maintenant la gauche" lors des primaires :
Il a choisi l'alignement pur et simple sans une once d'autonomie. (...) Il a arrimé son destin à celui de Jean-Marc Ayrault. Il ne fait rien qui puisse gêner le Premier ministre.
Trop de soutien inconditionnel au gouvernement et pas assez d'initiatives, c'est aussi l'avis d'un "élu francilien" et d'un autre "ténor" du PS :
Aujourd'hui on a un parti qui a peur de se faire engueuler par le gouvernement, alors que dans les autres pays, c'est l'inverse ! (...)
Un parti doit agir par anticipation, en amont. Là, on est dans l'aval de l'aval.
Et encore un autre "haut responsable de Solférino" :
Il vient prendre des notes à Matignon, le mardi matin. Des notes qu'Ayrault est chargé de lui transmettre.
Bref, on fait comprendre à Harlem Désir que ses initiatives pour défendre le mariage pour tous et la procréation médicalement assistée, ou tenter de convaincre sur le droit de vote des étrangers, ne suffisent pas.
Des critiques en masse qui sortent alors qu'un autre "ténor" du PS se fait de plus en plus bruyant pour représenter les contrariés du parti. Jean-Christophe Cambadélis - l'homme qui a failli prendre la tête du PS - est en effet présenté comme le "premier secrétaire bis", celui qui ose là où Harlem Désir reste "dans les figures imposées".
Emmanuel Maurel livrait ainsi cette analyse de l'"effet Cambadélis" dans Le Monde du 25 décembre :
Par petites touches, Jean-Christophe dessine en creux le portrait du premier secrétaire qu'Harlem peine à être pour l'instant.