Pendant que ses lieutenants tapent sur François Bayrou, Nicolas Sarkozy allume Alain Juppé

Publié à 21h14, le 02 novembre 2016 , Modifié à 21h28, le 02 novembre 2016

Pendant que ses lieutenants tapent sur François Bayrou, Nicolas Sarkozy allume Alain Juppé
Nicolas Sarkozy © KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Voilà deux bonnes semaines que François Bayrou a été érigé par le camp Sarkozy en ennemi public n°1. Soutien d'Alain Juppé pour la primaire, le maire de Pau a vu 165 sarkozystes publier une tribune contre lui, dénonçant notamment son "opportunisme". Mercredi 2 novembre, les 8 principaux lieutenants de l'ancien chef de l'État sont allés jusqu'à tenir une conférence de presse pour entretenir ce feu nourri. Et pendant ce temps, Nicolas Sarkozy, lui, vise plus haut. Car son adversaire a un nom et un visage, et ce n'est pas François Bayrou.

Sur Facebook ce mercredi soir (à la veille du deuxième débat et à trois semaines du premier tour), l'ex-Président publie un looooong texte dans lequel il attaque frontalement le maire de Bordeaux. En long, en large, en travers, sur le fond, sur la forme... Tout y passe. Là où la sarkozie s'échine à démonter l'opposition indirectement, en décrédibilisant l'un de ses soutiens majeurs, le chef se met donc au niveau de la compétition (sans pour autant pouvoir se retenir d'en placer une à Bayrou).

"Malgré les points de convergence entre Alain Juppé et moi, nous divergeons sur le diagnostic que nous portons sur l’état de la France et sur la manière d’agir dans les cinq prochaines années. Je ne retrouve pas dans son programme la volonté de changement que l’on perçoit dans les projets des autres candidats, chacun à leur manière", attaque ainsi rapidement Nicolas Sarkozy, mettant son adversaire bien à l'écart du reste des prétendants à la primaire (sous-entendu : à gauche). Après cette entrée en matière, il monte d'un cran :

 

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Alain Juppé, marqué probablement par son expérience des réformes bloquées par la rue en 1995 et par la dissolution, pense qu’il faut se hâter lentement, que la réforme doit être nuancée et conduite sans modifier le cadre existant. Cette vision est respectable mais je pense que [...] les réformes doivent être au contraire immédiates, profondes, rapides.

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Et de lister tous ses points de désaccord avec l'ancien premier ministre : paritarisme, "monopole syndical", assurance-chômage, baisses d'impôts, lutte contre le terrorisme (et désir de "modifier la Constitution pour placer en rétention administrative les individus fichés S les plus dangereux"), "identité heureuse", interdiction ou non du voile à l'université, suspension ou non du regroupement familial... Bref, cela fait beaucoup.

Voilà pour Juppé. Résumons tout cela avec une petite métaphore militaire : l'infanterie a bien sonné la charge contre l'allié posté sur le flanc gauche des troupes ennemies, installant une guerre de positions ; et là, la cavalerie déboule sur la droite, pleine bourre et sabre au clair, tentant d'abattre le général adverse et de s'emparer de ses positions. 

Et puis tout de même, Nicolas Sarkozy parle un peu de François Bayrou dans ce post Facebook. Et d'accuser Alain Juppé d'avoir promis au centriste un certain nombre de circonscriptions aux prochaines législatives ("une centaine", dit-il), ce que les juppéistes démentent vigoureusement. L'ancien chef de l'État écrit :

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Alain Juppé souhaite en faire son compagnon d’alternance, en négociant avec lui une centaine de circonscriptions. [...] On ne peut accepter ces alliances négociées secrètement, parce que ce sont les Français qui en paieront le prix.

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Faisant une fois de plus planer le spectre d'une "alternance molle" portée par le duo Juppé-Bayrou, il met en garde contre "le risque de céder devant ceux qui se montrent si souvent plus sensibles aux principes de la bien-pensance qu’à l'urgence d’action exigée par les Français".

La charge est lourde, mais moins fournie que celle contre celui qui caracole en tête des sondages pour le premier tour de la primaire. Question de niveau. Devant les attaques des sarkozystes à son encontre, François Bayrou avait réagi par un très long billet sur Facebook (déjà). Alain Juppé fera-t-il de même ?



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