DE L'ART DU PORTE-PAROLAT - Fallait-il répondre à la lettre incendiaire du PDG de Titan à Arnaud Montebourg ? Non, assurait encore Najat Vallaud-Belkacem le 20 février lors de son compte-rendu du conseil des ministres, prônant le "silence " pour éviter la "surenchère". Avant de dire le contraire dès le lendemain.
C'est qu'entre temps, le sémillant ministre du Redressement productif a décidé d'en faire autrement . Il le lance lui-même aux journalistes dans la cour de l'Elysée, avant de monter dans sa voiture :
"Il va avoir une réponse, ne vous inquiétez pas ! Par écrit c'est mieux.
"
Aussitôt dit, aussitôt fait. Quelques heures plus tard, la lettre parvient aux médias et est même relayée de manière très officielle par Bercy . Arnaud Montebourg se moque de Titan en lui rappelant que l'entreprise de pneumatique est "vingt fois plus petite que Michelin" et menace son directeur de "zèle redoublé" en matière douanière.
Loin du "silence" recommandé par la porte-parole du gouvernement, donc. Mais Najat Vallaud-Belkacem a dû se mettre au diapason. Invitée de Radio Classique ce 21 février, elle change de ligne. "N'y avait-il pas un risque de mettre de l'huile sur le feu en lui répondant ?", lui demande le journaliste. Que nenni, rétorque désormais la ministre :
"Je ne crois pas du tout.
Le courrier d’Arnaud Montebourg a l’intérêt d’argumenter et de montrer à Monsieur Taylor qu’il aurait eu bien du mal à trouver des signataires à sa lettre surprenante, pour le moins agressive et discourtoise.
"
Et pour que le message passe bien, Najat Vallaud-Belkacem le répète à trois reprises, assurant que cette réponse d'Arnaud Montebourg n'est pas la "surenchère" qu'elle déconseillait :
"La lettre de monsieur Titan était particulièrement mal fondée, mal renseignée.
Je crois que ça méritait réponse. Pas surenchère, mais réponse.(...)
La lettre est insultante, donc je pense qu’une réponse était méritée, oui.
"
Pour mémoire, la porte-parole indiquait ceci la veille :
"Il n’y a pas lieu de faire de surenchère. Je crois qu’il faut conserver comme ligne de conduite le respect, et se conformer au respect aujourd’hui, c’est sans doute le silence.
Avec un bémol tout de même, je rappellerai à Monsieur Taylor que la France reste le premier pays destinataire des investissements américains en Europe et il y a de bonnes raisons pour cela [le second en réalité, ndlr].
"