Mal payés les députés ? Invité de BFMTV ce 14 août, Luc Chatel n'ira pas jusque-là, contrairement à Henri Guaino fin juillet, mais le vice-président de l'UMP tient tout de même à souligner que les conditions de travail des parlementaires sont mauvaises :
Nous sommes évidemment très bien payés par rapport à un ouvrier qui gagne le Smic, et en même temps par rapport à d’autres fonctions que certains d’entre nous pourraient occuper dans le privé, c’est vrai que nos rémunérations sont nettement en deçà.
Par contre je suis d’accord avec lui [Henri Guaino, ndlr] sur un point : nous avons des conditions au niveau matériel, c'est-à-dire l’organisation de notre travail et des moyens mis à notre disposition pour travailler, qui sont sans doute nettement insuffisants par rapport aux autres parlements.
Dans son coup de gueule face à Paul Wermus pour VSD, Henri Guaino avait quant à lui estimé que les députés étaient "très mal payés" et qu'ils travaillaient "dans des conditions déplorables". Un an plus tôt, sur i>TÉLÉ, en plein débat sur la transparence de l'IRFM (cette enveloppe consacrée aux frais de représentation des parlementaires), il avait même assuré :
Il n’y a pas une seule démocratie au monde où les députés ont aussi peu de moyens pour faire leur travail.
>>Alors, qu'en est-il vraiment ? En septembre 2012, Désintox s'était penché sur la question pour Libération.
> Si l'on s'en tient au salaire seul des parlementaires, comprenant un salaire de base, une indemnité de résidence et une indemnité de fonction, la France est confortablement installée au milieu de ses voisins européens avec 7.100 euros bruts par mois. C'est un peu moins que les Allemands (7.768 euros) ou que les Belges (7.374 euros) mais plus que les Anglais ou les Espagnols (respectivement 6.964 euros et 2.813 euros).
> Mais les députés français disposent d'autres indemnités, en plus de leur salaire de base, liées à l'exercice du mandat. C'est une partie des conditions de travail dont parlent Henri Guaino et Luc Chatel. Il faut donc ajouter une enveloppe de 6.412 euros bruts par mois (le fameux IRFM) pour s'habiller, payer le loyer de sa permanence ou recevoir mais aussi 9.138 euros pour rémunérer les collaborateurs. Sur ce point, seuls les Allemands disposent de moyens plus importants avec notamment 15.580 euros pour leurs collaborateurs.
Notons qu'à ces frais de secrétariat et de représentation s'ajoutent des avantages en nature comme les billets de train et les taxis gratuits, un quota de trajets aériens ou encore accès à une ligne téléphonique.
Selon l'étude de l'institut national des statistiques italien citée par Désintox, les députés français sont donc en deuxième position sur le podium des parlementaires européens les mieux lotis.
Selon une autre étude de l'Ifrap, un think-tank libéral, les Français arrivent même en première position avec au total 160.000 euros par an et par député contre 140.000 pour un Allemand ou 105.000 pour un Britannique.
> Néanmoins, ces études ne se penchent pas sur *tous* les moyens matériels mis à disposition des parlementaires pour travailler. Beaucoup se plaignent par exemple des locaux obsolètes du Palais Bourbon, pas toujours adaptés au travail parlementaire, et très éloignés de la modernité du parlement européen ou allemand. Des critères non pris en compte dans les comparatifs entre pays européens.
> Autre problème rattaché à la thématique des conditions de travail et soulevé par de nombreux députés avant la trêve estivale, celui du rythme imposé lors de cette première année de mandat pour François Hollande. Jean-Jacques Urvoas, le président PS de la commission des lois, est allé jusqu'à écrire au président de l'Assemblée nationale pour dénoncer un rythme qui ne permet pas de "travailler de façon satisfaisante".