LE POUVOIR, C'EST PAS FACILE - Le président des députés PS, Bruno Le Roux, a rendu publique lundi 14 janvier "une lettre du changement" adressée aux Français. Une lettre de 24 pages qui va loin, très loin, trop loin même selon Jean-Christophe Cambadélis dans l'autocritique.
Un long document, écrit entre le 17 décembre 2012 et le 7 janvier 2013 dans lequel le député de Seine-Saint-Denis fait le bilan des six premiers mois au pouvoir de la majorité socialiste et trace les perspectives d'une sombre année 2013 .
Bruno Le Roux commence par détailler les raisons qui l'ont poussé à prendre la plume :
Parce que s'installe dans le pays, une impatience, qui ressemblerait presque à un espoir trompé, alors que ce n'est pas la réalité.
Le patron de la majorité évoque ensuite une "certaine déception""pas justifiée", un "désaveu", un "malentendu", un "doute qui vire au scepticisme", "le malaise politique actuel" dont ils n'ont "pas encore trouvé l'antidote". "Comme si rien n'imprimait, comme si nous n'étions pas audibles". Ou encore :
Les résultats ne sont pas là encore, loin de là, c'est vrai.
La situation n'est pas fameuse, c'est vrai là encore - personne n'a jamais prétendu détenir une baguette magique pour en six mois inverser toutes les courbes qui sombraient dans le rouge.
Puis, avant de théoriser longuement sa conception de "la gauche dans la durée", il cite la grande figure tutélaire de gauche, un temps empruntée par Nicolas Sarkozy :
Jaurès disait : "c'est à nous de fatiguer le doute du peuple par la perséverance de notre dévouement".
Nous en sommes là.
Un motif d'autosatisfaction cependant. "Nous avons répondu aux premières nécessités". Et même un chiffre. Selon lui, "plus de quarante" des soixante promesses de campagne de François Hollande "sont déjà réalisées".
Et 2013 ? Avant d'assurer qu'il a "la foi du charbonnier", Bruno Le Roux écrit :
La crise sociale est dure. Elle est très dure.
L'avenir de notre pays reste incertain, il est vrai.
Le Lab vous propose la lecture de ce document, en intégralité :
[Bonus track] Cette lettre intitulée "Nous serons au rendez-vous de la promesse du Bourget", en allusion au discours du candidat Hollande, comporte aussi une référence à l'affaire Depardieu, sans jamais le citer nommément.
Après avoir évoqué la possibilité de "faire 'une pause' dans les réformes fiscales", Bruno Le Roux écrit :
Ils sont pourtant encore quelques-uns à s'offusquer des mesures adoptés ou en cours. Ils prennnent le chemin de l'exil, certains tergiversent d'ailleurs sur leur destination finale - le roi ou le tsar pour au final choisir le tsar.
Qu'en dire ? Il y a de bons films et de mauvais feuilletons et les mauvais feuilletons n'enlèvent d'ailleurs rien aux bons films.
Les Français, eux, jugent au comptoir, le temps d'un café entre amis, et passent à autre chose - ils savent que là n'est pas l'essentiel...