Soutien de Manuel Valls lors de la primaire de la Belle Alliance Populaire, Jean-Marie Le Guen n’a jamais cessé de pilonner les frondeurs du PS durant le quinquennat. Après la victoire de l’un d’entre eux à la primaire dimanche 29 janvier, le député Benoît Hamon, le Secrétaire d’Etat chargé du Développement et de la Francophonie pourrait donc se retrouver rapidement en position de fronde dans son propre parti. Interrogé ce mardi 31 janvier sur franceinfo: pour savoir si Benoît Hamon était "son candidat" à la présidentielle, Jean-Marie Le Guen n’a pas manifesté d’enthousiasme. Bien au contraire. Il a déclaré :
"Il est le candidat porté par le Parti socialiste. Mais le Parti socialiste, depuis notamment que Benoît Hamon et un certain nombre de ses amis ont introduit l’idée de la fronde, (ça) laisse ouvert beaucoup de possibilités. Le maire de Lyon (Gérard Collomb, ndlr) qui est un des principaux élus a pris depuis des mois et des mois des positions différentes et il est toujours au PS. On est dans une période politique où il faut accepter des éléments de diversités.
"
En creux, Jean-Marie Le Guen plaide donc pour un maintien des élus socialistes macronistes au sein du partien rappelant que les frondeurs sont bien restés au PS tout en ne partageant pas la ligne de la majorité. Ce qui a été valable pour les frondeurs doit donc l’être aussi pour les membres du Pôle des Réformateurs, selon lui. Dans une tribune publiée dans le Monde ce mardi "signée par Christophe Caresche et Gilles Gilles Savary pour le pôle des réformateurs", l’aile droite du PS "revendique son droit de retrait" durant la campagne présidentielle. Elle estime en effet que le projet de Benoît Hamon relève "d’une gauche radicalisée".
Membre des Réformateurs, Jean-Marie Le Guen ne devrait donc pas faire campagne pour le candidat élu lors de la primaire. A la question du journaliste "confirmez-vous que vous n’êtes pas sûr aujourd’hui de voter pour Benoît Hamon ?" le secrétaire d’Etat a été clair. Il a répondu :
"Oui mais bien évidemment. Je le dis et je le redis. Bien sûr qu’il y a aujourd’hui un vrai débat qui n’est pas terminé et qui n’a pas été clos par la primaire.
"
#Presidentielle2017 Le Guen dit "ne pas être sûr" de voter Hamon #8h30Aphatiepic.twitter.com/Tls701gFm7
— franceinfo (@franceinfo) January 31, 2017
Un peu plus tard au cours de l’interview, le journaliste Jean-Michel Apathie évoque d’éventuelles sanctions de son parti s’il ne votait pas pour Benoit Hamon mais "pour un adversaire du PS", c’est-à-dire pour Emmanuel Macron. Mais pour Jean-Marie Le Guen, la caporalisation à fait son temps. "Il y a longtemps que ces règles-là ne fonctionnent pas au sein du PS. C’est plus ça le PS. Ça été à une certaine époque des partis (sic) où il y avait une seule position après un débat. C’est fini cette époque-là, il faut vivre avec votre temps Jean-Michel Apathie", a lancé le vallsiste.
Jean-Marie Le Guen entend donc rester au PS tout en n’excluant pas voter pour Emmanuel Macron. Là encore, le secrétaire d’Etat chargé du Développement et de la Francophonie se réfugie derrière les frondeurs. Il a expliqué :
"Je ne vais pas me mettre en retrait alors que d’autres qui ont eu des attitudes totalement contraires aux statuts ne l’ont pas fait. Je ne quitte certainement pas le PS. Moi j’ai adhéré au PS y a 20 ans. J’ai 40 ans de militantisme donc je ne vais pas recevoir des leçons de qui que ce soit.
"
Circulez y’a rien à voir donc. Même si En Marche! autorise la double appartenance à une formation politique, le PS, lui entend sanctionner les socialistes qui rallieront Emmanuel Macron. "Ceux qui veulent faire battre le PS ne peuvent se réclamer de lui", disait Jean-Christophe Cambadélis dans une interview au Parisien , le 22 janvier. "Ils ne pourront plus représenter le parti dans les élections à venir s’ils donnent leur signature ou s’ils font campagne pour une autre formation", ajoutait le Premier secrétaire du PS.
Dans une interview au Parisien, ce mardi, Jean-Marie Le Guen a été encore plus clair. A la question "craignez-vous un exode des réformistes du PS", il a répondu :
"Personnellement, cela ne me gêne pas. On peut être socialiste et appeler à voter Macron. Quand les frondeurs ont frondé, ils n'ont pas demandé un droit de retrait!
"
Jean-Marie Le Guen estime toutefois que "la démarche (d'Emmanuel Macron) n'est pas aujourd'hui aboutie". "Et par son caractère personnel, elle présente des fragilités et éventuellement des dangers. Il faut de la clarté, qu'il y ait une vraie construction politique, une méthode", a-t-il estimé. Pas encore de ralliement de ce proche de Manuel Valls à En Marche! donc.