Quand Fillon ne voulait surtout pas que Juppé soit président de transition

Publié à 12h00, le 22 novembre 2012 , Modifié à 12h09, le 22 novembre 2012

Quand Fillon ne voulait surtout pas que Juppé soit président de transition
Alain Juppé et François Fillon, le 3 février 2012, à Bordeaux. (MaxPPP)

ARCHIVES - François Fillon demande ce jeudi 22 novembre qu'Alain Juppé "constitue une équipe qui rassemble tous les responsables de notre famille politique et nous propose une sortie de crise" pour l'UMP. Or, ce même François Fillon avait publiquement refusé les offres de services du maire de Bordeaux lorsque celui-ci l'avait proposé, cet été.

On refait le film.

Dimanche 1er juillet au soir, le maire de Bordeaux met en ligne un billet de blog dans lequel il exprime ses craintes sur le duel Fillon-Copé qui s'annonce et propose à l'UMP "d’élire non point un champion pour 2017 mais une équipe dirigeante".

Alain Juppé écrit :

Je suis prêt à m’associer à une initiative du type de celle que je viens de proposer. J’ai l’avantage de ne pas être dans la course pour 2017, ce qui en rassurera plus d’un. Et d’avoir une certaine expérience de la bonne manière de rassembler les forces de l’UMP. Je propose à François Fillon et à Jean-François Copé, qui sont tous deux mes amis, d’en parler directement ensemble.

Sauf que François Fillon se déclare candidat à la présidence de l'UMP le lendemain, lundi 2 juillet. Et mardi 3 juillet, invité du Grand Journal de Canal Plus, l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy décline très clairement la proposition de l'ancien premier ministre de Jacques Chirac : 

Alain Juppé dit: "Il faudrait trouver une solution consensuelle". Oui peut-être bien...

Mais enfin, la politique, ça n'a jamais été le consensus, la politique, c'est la confrontation des idées.

Il y a des moments où il faut que les sujets soient tranchés. On a besoin de définir une ligne politique pour l'UMP, on a besoin de se mettre en ordre de bataille pour gagner les élections municipales.

C'est maintenant qu'il faut trancher les questions de personnes et de ligne politique, pas dans trois ans, pas à la veille des consultations les plus importantes.

La veille, le 2 juillet, Valérie Pécresse, qui aurait été secrétaire générale du parti en cas d'élection de François Fillon, allait plus loin dans son argumentation anti-Juppé, sur le plateau de LCI :

Alain Juppé, c'est un grand sage, Nous avons besoin d'Alain Juppé, mais en même temps, choisir Alain Juppé serait une solution d'attente, ce serait repousser cette question de leadership.

Aujourd'hui, il serait dangereux de repousser ce choix du leadership à 2015 ou 2016. [...]

Un président de transition, cela ne lui donnerait pas l'autorité nécessaire pour imposer ses choix, notamment dans la reconquête des territoires.

Quatre mois plus tard, l'UMP est coupée en deux. François Fillon appelle Alain Juppé à la rescousse appuyé par 134 parlementaires et anciens ministres. Le député de Paris a envoyé le 22 novembre un communiqué aux rédactions dans lequel il écrit solennellement : 

Je demande à Alain Juppé, président fondateur de l'UMP, d'assurer de façon transitoire la direction de notre mouvement afin de trouver les voies et moyens de sortir de l'impasse.

Du rab sur le Lab

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