PAS DE RÉPIT - Depuis deux jours, le conflit entre Jean-François Copé et François Fillon autour de la présidence de l'UMP semblait s'être calmé. En réalité, la gué-guerre continue et chaque "offense" du camp adverse vaut riposte par voie médiatique. Avec les moyens du bord.
Dernier épisode en date : un mail envoyé par le président de la Commission des recours, Yanick Paternotte, aux adhérents UMP et relayé sur les réseaux sociaux.
Souvenez-vous, cette commission - déclinée sous l'acronyme CNR par les uns, CONARE par les autres - est considérée comme la cour d'appel de l'UMP. Elle a proclamé Jean-François Copé président après avoir examiné les recours déposés par les deux parties ... sauf que François Fillon la juge totalement "illégitime" car "pro-Copé".
Oui, la polémique autour de cette commission est vieille (le 23 novembre, soit une éternité dans la chronologie des turpitudes l'UMP). Mais elle ressort à la faveur du mail de Yanick Parnotte. Le 29 novembre, il envoie à tous les adhérents UMP un courrier pour assurer que sa commission est "pluraliste et équilibrée" et que la décision a été "prise à l'unanimité" :
Cela veut dire que même les membres de la Commission qui ont soutenu François Fillon ont validé cette décision sans réserve. Ils avaient pourtant tout à fait la possibilité de la refuser. Aucun d'eux ne l'a fait.
Ce message diffusé à grande échelle n'est pas du tout du goût des fillonistes qui estiment, au contraire, que la CNR est totalement "partiale" et qu'il y siègent trop de copéistes.
D'où ce 30 novembre, la riposte. Un courrier envoyé par Eric Ciotti, directeur de campagne de François Fillon, à Yanick Paternotte, dans lequel il assure que "cinq des neufs membres de la CNR ont publiquement pris parti pour Jean-François Copé".
Il le met en ligne et le transfère aussi sec aux journalistes.
Et pour appuyer ses propos, Eric Ciotti joint cinq documents prouvant que ces cinq membres de la CNR ont pris position pour le président proclamé. Dont certains très amusants [>> qui ont d'ailleurs également fait tilter nos confrères de rue89.com]
Ainsi de cette photo du meeting d'annonce de candidature de Jean-François Copé le 26 août à Châteaurenard, bardée de deux cercles jaunes et rouges et d'une légende ... pour bien identifier deux membres de la CNR cachés dans le public, dont Yanick Paternotte lui-même.
Eric Ciotti envoie également :
- une dépêche AFP prouvant que "la commission a rejeté les griefs de Fillon"
- des appels au vote pour Jean-François Copé de deux membres de la CNR
- une invitation à un meeting de Jean-François Copé, en présence d'un membre de la CNR, le 17 novembre à l'Hôtel Ibis de Gap, dans les Hautes-Alpes
- une liste de contacts pour acheminer les procurations, diffusée sur le site de Jean-François Copé, et comprenant un membre de la CNR
> Et sur le fond ? Les négociations entre les deux camps sont toujours au point mort. François Fillon veut son nouveau vote et Jean-François Copé demande pour préalable une dissolution du RUMP, le groupe parlementaire filloniste.
Nicolas Sarkozy est toujours à la manoeuvre en coulisse : il a déjeuné avec Jean-François Copé le 29 novembre et téléphoné à François Fillon ce 30 novembre. De leur côté, le groupe dit des "non-alignés", propose que la Commission des Sages de l'UMP se réunisse pour régler le conflit.