Rétablir la peine de mort en temps de guerre ? Louis Aliot pense que la question mérite d'être posée. Et pour appuyer son propos, il n'hésite pas à citer... Robert Badinter. Comme l'a repéré la journaliste de L'Opinion, Béatrice Houchard, le vice-président du FN a retrouvé et publié sur sa page Facebook un extrait d'un discours de l'ancien garde des Sceaux sur la peine de mort.
Le ministre de la Justice de François Mitterrand, qui restera comme celui qui aura aboli la peine capitale, évoquait alors la possibilité de la rétablir en temps de guerre tout en laissant la possibilité aux dirigeants et au législateur de choisir ou non cette option. Il déclarait à l'époque devant l'Assemblée, le 17 septembre 1981 :
"Il est apparu au Gouvernement qu’il était malvenu, au moment où vous décidez enfin de l’abolition dans la France en paix qui est heureusement la nôtre, de débattre du domaine éventuel de la peine de mort en temps de guerre, une guerre que rien heureusement n’annonce. Ce sera au Gouvernement et au législateur du temps de l’épreuve, si elle doit survenir- qu’il appartiendra d’y pourvoir, en même temps qu’aux nombreuses dispositions particulières qu’appelle une législation de guerre.
"
Le 13 janvier 2015, soit à peine quelques jours après la vague d'attaques qui avaient fait 17 morts à l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes et à la rédaction de Charlie Hebdo, Manuel Valls avait conclu la minute de silence à l'Assemblée nationale par ses mots :
"Oui, la France est en guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l'islamisme radical.
"
La France "en guerre" contre le terrorisme : une formule répétée inlassablement par le Premier ministre. Comme le révèle Louis Aliot, avec des tels propos, le débat sur le rétablissement partiel de la peine de mort, "dans l'épreuve, est parfaitement légitime". Et d'ajouter : "Nous sommes plusieurs à le penser".
Dans la classe politique, ils sont peu nombreux à être allés aussi loin jusqu'ici. La députée LR Nathalie Kosciusko-Morizet a par exemple proposé d'appliquer la perpétuité réelle, une idée à laquelle s'est raccrochée Nadine Morano "puisque la peine de mort n'existe plus".