PROPHÉTIE - Raymond Soubie, ex-monsieur social de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy s'étonne de "l'absence de conflits sociaux et de manifestations dans la rue". Selon lui, compte tenu de la situation actuelle, il ne serait pas anormal qu'il y ait davantage de tensions sociales.
A l'occasion d'un débat dans les Echos avec Pierre Ferracci, autre expert du dialogue social, l'ancien conseiller social du président de la République de 2007 à 2010, s'interroge sur la durée de vie de cette stabilité sociale :
La société souffre, mais elle tient. Jusqu'à quand ? Ce qui me frappe, c'est à la fois le caractère anxiogène de la montée du chômage, de la remise en cause de certains acquis sociaux, et l'absence de traduction de cette situation en termes de conflits sociaux et de manifestations dans la rue.
Et avance un début de réponse :
Nous pouvons constater que les Français ne semblent pas préparés aux réformes drastiques que la situation appelle. C'est peut-être ce qui, paradoxalement, permet à la société française de tenir.
L'un des architectes de la réforme des retraites de 2010 porte un regard résolument pessimiste sur la situation française. Il voit chez les Français une résignation vis-à-vis de "tout ce qui est perçu comme institutionnel". Avec deux suites possibles :
Soit les gens se replient sur eux-mêmes, ce qui va se traduire par une abstention de plus en plus massive en politique, soit on assiste à une forme de révolte spontanée ou à une explosion du populisme.
BONUS-TRACK : S'il condamne sur la forme les propos du PDG de Titan dans une lettre très critique adressée à Arnaud Montebourg, Raymond Soubie comprend le fond. Ce spécialiste des ressources humaines estime que de nombreux chefs d'entreprise sont sur la même ligne que le patron américain et souligne le pessimisme des dirigeants français ou étrangers :
Les chefs d'entreprise non français, ou d'ailleurs français, ont un regard sur la France plutôt pessimiste. Ce que le président de Titan a dit en des termes inadmissibles, un certain nombre de chefs d'entreprise ne sont, hélas, pas loin de le penser".