Jean-Luc Mélenchon contre Bernard Cazeneuve, ça continue. Le candidat à la présidentielle avait qualifié l'ancien Premier ministre de "gars qui s'est occupé de l'assassinat de Rémi Fraisse", ce à quoi l'intéressé a répondu en annonçant son intention de porter plainte pour "diffamation". Et autant dire que le leader de la France insoumise n'est pas plus impressionné que cela par cette riposte.
En marge d'un meeting à Évry lundi 29 mai, Jean-Luc Mélenchon a réagi à cette plainte. Expliquant s'être senti "piqué" par les attaques de Bernard Cazeneuve concernant son positionnement dans l'entre-deux-tours de la présidentielle (demandant à ce que "pas une voix" n'aille à Marine Le Pen mais n'appelant pas à voter pour Emmanuel Macron), "Méluche" a estimé qu'il "n'aurait pas dû [en] tenir compte". Mais il a aussi contre-attaqué, critiquant l'offensive judiciaire annoncée par celui qui était ministre de l'Intérieur au moment des événements de Sivens et de la mort du jeune militant écologiste Rémi Fraisse, tué par une grenade lancée par un gendarme. Jean-Luc Mélenchon trouve ainsi "exagérée" cette plainte de Bernard Cazneuve, dans des propos face caméras rapportés par BFMTV :
"Le Parti socialiste a maintenant pour stratégie de m'accabler à tout propos et hors de propos pour essayer d'éviter la disparition pure et simple, vu qu'un très grand nombre d'électeurs socialistes se tournent vers les candidats de la France insoumise. Donc je le mets sur le compte du désarroi et de la panique. Mais je trouve que c'est pas... On va pas faire une élection dans les prétoires, puisqu'il prétend porter plainte. Enfin bon ça... c'est tout à fait exagéré. Honnêtement, j'ai pas envie de passer l'élection législative sur un sujet pareil. Franchement, monsieur Cazeneuve n'a plus aucune espèce d'importance politique dans ce pays.
"
Et le quatrième homme du premier tour de justifier sa réaction par le fait d'avoir été "indigné par cette façon [qu'avait eue Bernard Cazeneuve] de présenter [sa] position, mensongère". Le Premier ministre d'alors avait fustigé sa "faute politique et morale" de ne pas appeler clairement à glisser un bulletin "Macron" dans l'urne.
>>> À lire : Rémi Fraisse : le gendarme qui a lancé la grenade veut lui aussi porter plainte contre Mélenchon
On peut sans crainte affirmer que Bernard Cazeneuve retournerait bien volontiers cette accusation d'"exagération" contre Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier "a sans doute gagné le premier prix de l'outrance", avait ainsi fustigé l'ex-chef de gouvernement, dénonçant le "discours de haine, les accusations abjectes" et la "dérive politique et morale" du candidat défait à la présidentielle après son attaque au sujet de Rémi Fraisse. Pour mémoire, le chef de la France insoumise avait lancé, en meeting à Montreuil la semaine passée :
"Comment il s’appelle là le dernier que son nom m’échappe qui était Premier ministre ? Comment vous l’appelez ? Oui, Cazeneuve, le gars qui s’est occupé de l’assassinat de Rémi Fraisse. Le gars qui a fait gazer, matraquer, toutes les manifestations et qui prend maintenant sa tête de petit sainte-nitouche pour dire que c’est moi qui ne sait pas choisir entre le Front national et je sais pas qui. (…) Encore une fois vous essayez de tromper les gens. Encore une fois vous essayez de leur faire peur.
"
[EDIT 8h10]
Sur France Inter mardi, Bernard Cazeneuve a indiqué qu'il "retirerait sa plainte" si Jean-Luc Mélenchon présentait des "excuses" :
"Moi je ne suis pas du tout demandeur d'aller dans les tribunaux pour porter le règlement de conflits politiques mais là, je suis obligé de le faire. Si, bien entendu, il dit dans les jours qui viennent 'je regrette ce que j'ai dit, je me suis laissé emporter et je présente mes excuses', je retirerai ma plainte. Moi, je n'ai pas de raison d'entretenir des polémiques. D'abord parce que je n'aime pas les polémiques et parce que ça n'est pas mon tempérament, parce que je préfère la sagesse à l'invective. Et si Jean-Luc Mélenchon disait cela, ma sagesse me conduirait à retirer ma plainte, bien entendu.
"
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