Le chef de l'État devrait annoncer dimanche une série de mesures concernant l'emploi, le logement et la compétitivité. Et à en croire les observateurs de la scène politique, Nicolas Sarkozy compte s'inspirer des réformes drastiques lancées en 2003 par le chancelier allemand Gerhard Schröder. Par contre, sauf surprise, le Président ne devrait pas annoncer sa candidature.
Le Lab met en musique les indices nous permettent de rapprocher le président de la République et l'ancien dirigeant allemand.
Cohn-Bendit est formel
Sur lejdd.fr
Daniel Cohn-bendit est l'un des plus fins observateurs de la vie politique franco-allemande. Interrogé par le JDD.fr, l'égérie de Mai 68 prédit une très amère pillule à avaler pour les Français en 2012.
Question du JDD.fr : Dimanche, le chef de l'Etat sera à la télévision pour faire des annonces suite au sommet social. Qu'en attendez-vous?
Réponse de Daniel Cohn-Bendit :
Je crois qu'il va nous faire le coup de Gerhard Schröder [au pouvoir entre 1998 et 2005, Ndlr] en Allemagne. Il va dire : "Ecoutez, il n'y a pas d'autres solutions. Je prends tous les risques parce que c'est nécessaire pour la France." Et il va parier que la France émerveillée par sa lucidité, son courage, son volontarisme… se remettra à rêver de lui pour cinq ans.
Le Canard l'annonce
Dans son édition du 25 janvier, Le Canard Enchaîné écrit que Nicolas Sarkozy prépare une "bombe" pour dimanche.
EXTRAIT de cet article (non disponible en ligne) intitulé "Sarkozy en route vers 2017".
En fait, le chef de l'État est inspiré par la trajectoire de Gerhard Schröder, qu'il a reçu à l'Elysée le 20 décembre. En mars 2003, le chancelier allemand avait joué son va-tout en proposant une réforme sanglante du système social allemand. Il avait mis en cause l'Etat Providence, diminué les prestations sociales, et réduit les indemnisations des chômeurs et le montant des retraites.
Sarkozy prépare les esprits
Sur elysee.fr
Est-ce pour mieux faire passer la pillule en France ou juste pour rendre hommage au courage allemand ? En tout cas, un mois après avoir reçu l'ancien chancelier allemand à l'Élysée, lors de ses vœux au monde de l'économie, le président sortant a cité deux fois Gerhard Schröder.
EXTRAIT du discours de Nicolas Sarkozy, le 19 janvier dernier, à Lyon
En un mot, est-ce que la France doit se doter des accords de compétitivité que l'Allemagne a choisis à la demande du Premier ministre socialiste SCHRÖDER, il y a plus de dix ans ? C'est la question. Il ne s'agit pas d'imiter ce que font les autres, mais, mes chers compatriotes, mon devoir, c'est d'examiner de près les solutions qui ont marché ailleurs.
Même chose dans un télégramme très peu diplomatique envoyé la veille aux ambassadeurs de France. Pour justifier la perte du triple A Français, les éléments de langage préconisent de faire référence aux "réformes importantes" de Gerhard Schröder.
Ce qu'avait fait Schröder en 2003
Sur ifri.org
Le 14 mars 2003, le chancelier allemand présente son "agenda 2010". Une série de mesures structurelles destinées à améliorer la compétitivité et "sauver le système" :
- baisse de l'impôt sur le revenu de 15 milliards d'euros
- réforme du système public de santé avec participation directe des assurés via un abonnement trimestriel et un forfait journalier de 10 euros
- réforme du marché du travail : durcissement pour l'obtention d'allocations et baisse des prestations.
- réforme des retraites relèvant l'âge de départ en préretraite de 60 à 63 ans.
A lire aussi :
Une synthèse et traduction de l'agenda 2010 par une chercheuse de l'IFRI.
Une analyse intéressante du Figaro : "Pourquoi Gerhard Schröder inspire Nicolas Sarkozy"
L'interview, après son entretien avec Nicolas Sarkozy, de Gerard Schröder au Figaro, reprise sur le site de l'UMP, dans laquelle il déclare :
Les réformes entreprises par Nicolas Sarkozy vont dans la bonne direction, en particulier en ce qui concerne les retraites. Même si je ne suis pas certain que la limite de 62 ans soit suffisante. En revanche, il faut peut-être que la France améliore la structure du marché du travail pour obtenir la compétitivité nécessaire.
L'occasion, aussi, de lire dans cette interview le courroux de l'ancien chancelier socialiste contre François Hollande. Le candidat PS est coupable, à ses yeux, d'avoir trop travaillé avec Oskar Lafontaine, le rival de Gerhard Schröder.
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