DÉSOLAY - C'est un mea culpa de Ségolène Royal. La ministre de l'Écologie s'est excusée, mercredi 17 juin sur Twitter, pour ses attaques contre le Nutella. Sur le plateau du Petit Journal de Canal + lundi, la numéro 3 du gouvernement s'en était prise au produit phare de la firme italienne Ferrero, notamment pour son utilisation de l'huile de palme dans la recette de sa pâte à tartiner mondialement renommée.
# Les excuses
Elle a donc présenté ses "mille excuses" ce mercredi, après la polémique causée par son intervention :
Mille excuses pour la polémique sur le #Nutella. D'accord pour mettre en valeur les progrès.
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) 17 Juin 2015La ministre se dit également "d'accord pour mettre en valeur les progrès" que Ferrero dit avoir réalisés dans l'utilisation de ses matières premières.
# Ce qu'elle avait dit
Lundi, Ségolène Royal avait expliqué qu'"il faut replanter massivement des arbres, parce qu’il y a eu une déforestation massive qui entraîne aussi du réchauffement climatique. Il faut arrêter de manger du Nutella par exemple parce que c’est de l’huile de palme". Alors que l'animateur Yann Barthès lui objectait que "c'est bon le Nutella", elle avait ajouté :
"Ben oui, mais faut pas, parce que c’est l’huile de palme qui a remplacé les arbres, et donc c’est des dégâts considérables. [...] Il faut qu’ils utilisent d’autres matières premières.
"
# Ce que Ferrero avait répondu
L'entreprise avait refusé de commenter les propos de Ségolène Royal, tout en mettant en avant ses "engagements" et sa "conscience des enjeux environnementaux" :
"[Ferrero] a pris de nombreux engagements notamment concernant son approvisionnement en huile de palme. [...] La culture du palmier à huile peut aller de pair avec le respect de l’environnement et des populations.
"
L'AFP rappelait alors que la société italienne, qui se fournit en Malaisie, Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Brésil, dit veiller à la traçabilité de ses matières premières notamment via la Table ronde pour une huile de palme durable (RSPO), qui milite pour l'usage d'huile de palme durable et assure une certification des produits.
Ségolène Royal est donc prête à reconnaître ces efforts.
# La polémique
En Italie, la sortie de la ministre de l'Écologie a suscité une certaine émotion, responsables publics et médias prenant la défense du Nutella. Le ministre Gian Luca Galetti avait notamment demandé à son homologue française de "laisser les produits italiens tranquilles". Même l'épouse du chef du gouvernement Matteo Renzi, Agnese Renzi, a implicitement apporté son soutien au producteur italien en se rendant mercredi au "Nutella Concept Bar" à l'Exposition universelle de Milan. Accompagnée de sa fille, elle y a alors ostensiblement commandé et mangé une crêpe au Nutella et à la chantilly.
[Edit 18h15]
Interrogée par Public Sénat après son tweet Ségolène Royal a indiqué ne pas vouloir "polémiquer", expliquant avoir "donné les excuses" qu'un député italien avait réclamées sur Twitter. Et la ministre de revenir sur sa déclaration polémique :
"C’était des propos tenus dans une émission qui se veut un peu humoristique. Je comprends que cela ait pu soulever un certain nombre de troubles. Je veux éteindre la polémique.
"
[Edit 20h45]
Interviewé dans son bureau de Bercy par BFMTV en début de soirée, Emmanuel Macron a donné un bon point à Ségolène Royal. Le ministre de l'Économie a estimé que sa collègue avait "bien fait" de présenter ses excuses :
"Je pense que c'est comme ça qu'il faut faire de la politique. Il faut dire les choses, même si parfois on se trompe. Ça arrive. Et il faut alors là aussi le reconnaître.
"
Voilà qui devrait lui faire très plaisir, elle qui avait défendu le "chouchou" de François Hollande, assurant qu'il est "bien sûr" socialiste, contrairement à ce qu'affirment d'autres figures du PS, notamment Jean-Christophe Cambadélis et Christian Paul.