La droite fait désormais bloc derrière François Fillon depuis sa conférence de presse, lundi 6 février. Certains élus Les Républicains qui plaidaient pour un retrait de la candidature du député de Paris, à l’image de Georges Fenech , ont même mangé leur chapeau.
Ce n’est pas tout : le candidat LR à la présidentielle a aussi reçu ce mardi 7 février le soutien, plus inattendu… d’un ténor frontiste. Sur franceinfo: le vice-président du FN Louis Aliot a en effet repris trois arguments de la défense employée par François Fillon et son entourage dans le Penelope Gate.
- Ça sort comme par hasard maintenant
Le député européen FN s’est d’abord interrogé sur le timing des révélations médiatiques sur François Fillon. Le calendrier n’est pas du tout innocent selon cet avocat :
"Sa (conférence de presse, ndlr) fait partie d’un plan de communication pour tenter d’arrêter un incendie sur une situation qui est celle-là, que tout le monde connaissait et qui est sortie opportunément juste après la primaire. Tout le monde savait quand même que Madame Fillon… elle l’était (assistante parlementaire, ndlr) depuis 20 ans. Ce n’est pas nouveau, donc ce n’est pas sorti il y a 20 ans, ça sort aujourd’hui, à un moment où certains l’avaient décidé ou en tout cas le calendrier est opportun.
"
Le 1er février, François Fillon avait accusé explicitement "le pouvoir" et donc "la gauche" d’être derrière ces informations, parlant même d’une "tentative de coup d’Etat institutionnel". En clair : toutes ces révélations sortent à dessein, à trois mois de la présidentielle pour fragiliser la candidature du candidat de la droite jusqu’à présent considéré comme le favori de l’élection.
- C’est la faute des médias
Le FN n’apprécie pas vraiment les journalistes. Cela tombe bien : François Fillon n’aime pas non plus certains médias qui osent enquêter sur lui et ses proches. Ce mardi, Louis Aliot a mis en cause "le rouleau compresseur médiatique". Il a déclaré :
"Je ne vais accuser les médias mais un peu quand même. Il y a un rouleau compresseur médiatique. Ce que j’appelle moi pour reprendre la formule mythologique et de Brassens ‘la déesse aux mille (cent, ndlr) bouches’. Vous sortez une information qui peut vous salir et vous mettre en difficulté et vous ne rattrapez jamais le mal qu’on vous a fait. Il faut je pense avancer sans regarder ce qui se passe et continuer à défendre ses idées.
"
François Fillon a estimé lors de sa conférence de presse que "ce n’est pas au système médiatique de me juger, c’est aux Français de décider". Il a aussi accusé les médias d'en avoir "trop fait" pour le "lyncher" et l'"assassiner politiquement" pendant ces dix derniers jours.
- Comment voulez-vous juger le travail des assistants parlementaires ?
Autre argument employé par Louis Aliot ressemblant à s’y méprendre à ceux de François Fillon et de son entourage : la réalité effective du travail des assistants parlementaires. Le vice-président du FN a ainsi souligné :
"Je ne sais pas ce que faisait sa femme. Il dit qu’elle a travaillé. Qu’est-ce qu’on va faire ? On va aller chercher où ? Vous voulez que je vous dise ? Moi qui suis parlementaire et qui ai des attachés parlementaires et personne n’est juge – d’ailleurs il a repris nos arguments – du travail des parlementaires, sauf à considérer que votre attaché parlementaire va tondre votre gazon, va faire votre cuisine ou laver votre vaisselle. Là, ça serait un emploi fictif. Pour le reste, un attaché parlementaire - les miens en tout cas - ils vont chercher du courrier, ils reçoivent, ils vont à des rendez-vous.
"
Le 31 janvier, l’avocat de François Fillon, Antonin Lévy, avait estimé que le travail d’assistant parlementaire n’est pas forcément "tangible". Il avait ensuite décrit ce job : entre autres, "assister son député", "lui faire remonter le courrier massif" ou encore "faire passer au député les messages qu’on lui demande de transmettre".
Plusieurs de ces arguments ont été repris par François Fillon lundi. Selon le candidat LR à la présidentielle, Penelope Fillon a notamment "géré le courrier qu’on lui adressait" ou encore "reçu et renvoyé vers les entreprises de la région les CV et demandes d’emplois que les Sarthois lui adressaient".
Interrogé par franceinfo: sur cette bien étrange reprise des arguments de la défense de François Fillon, Louis Aliot a estimé que le candidat LR copiait le FN. Il a affirmé :
"C’est François Fillon qui a dit (sic) notre argumentation sur l’affaire précisément des assistants parlementaires pour l’Europe, mais c’est une réalité ça.
"
Le député européen du FN fait allusion à l’ouverture d’une information judiciaire en décembre dernier en raison de soupçons d’emplois fictifs : des salaires auraient été indûment versés à vingt assistants parlementaires d’élus FN au Parlement européen alors qu’ils auraient en fait travaillé pour le FN depuis la France.
Les démêlés judiciaires du FN pourraient peut-être expliquer la mansuétude de Louis Aliot vis-à-vis de François Fillon. Ce que le compagnon de Marine Le Pen sous-entend quand il explique qu’à travers ses propos, il plaide la cause de son parti :
"François Fillon, c’est son cas personnel, il s’en est expliqué hier (lundi), ça convainc les Français ou pas. Moi, je parle surtout pour ma famille politique qui depuis 30 ans subit ce genre de dénigrement, d’affaires publiques, et finalement on voit bien qu’aujourd’hui nous sommes pas mal placés dans les enquêtes d’opinion et sur le terrain.
"
Si ça ne suffit pas à remonter le moral de François Fillon…