Trop rebelle, Mélenchon revendique le droit de ne pas porter de cravate à l'Assemblée mais il n'a rien inventé

Publié à 15h37, le 27 juin 2017 , Modifié à 17h51, le 27 juin 2017

Trop rebelle, Mélenchon revendique le droit de ne pas porter de cravate à l'Assemblée mais il n'a rien inventé
Jean-Luc Mélenchon © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Jean-Luc Mélenchon est un vrai rebelle : lui président du groupe la France insoumise à l'Assemblée nationale, il revendique le droit de ne pas porter de cravate dans l'hémicycle. Ce mardi 27 juin, en conférence de presse, le député LFI des Bouches-du-Rhône annonce :

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Il y avait des sans-culotte, il y aura maintenant des sans-cravate.

 

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Le tout formulé avec une belle cravate rouge portée au tour du cou. ¯\_(ツ)_/¯

"Certains auront des cravates, d'autres non. Rien ne l'impose dans le règlement", ajoute Jean-Luc Mélenchon.

Et l'élu tient parole une fois dans l'hémicycle :

Un geste qui n'a pas ému l'ancien député PS de l'Héraut Sébastien Denaja qui traite Jean-Luc Mélenchon de "sans-culotte de pacotille"

De son côté, François Ruffin, député LFI de la Somme, a expliqué ne jamais porter de cravate, "même lors des mariages". "J'aurais eu l'impression d'être un pingouin, de mettre l'habit d'un autre", a-t-il dit à LCP. 

Jean-Luc Mélenchon voit dans l'absence de cravate un symbole anti-système mais il n'a rien inventé. Déjà, Bruno Le Maire avait fait du non-port de la cravate le symbole du renouveau qu'il entendait incarner durant la primaire de la droite. 

En sus, la question du port de la cravate dans l'hémicycle revient régulièrement dans l'actualité.

En juillet 2008, François de Rugy, qui devrait logiquement devenir le prochain président de l'Assemblée nationale , avait demandé à ce que le règlement de l'Assemblée nationale soit modifié afin que les députés ne soient plus obligés de porter un costume-cravate durant l'été . "Notre Assemblée étant sans doute amenée à siéger pendant tout le mois de juillet, il me paraîtrait symboliquement intéressant que les dispositions de notre règlement qui imposent à tous les députés hommes de porter un costume et une cravate pour participer aux séances dans l'hémicycle soient modifiées ou au moins suspendues pendant la période estivale", avait écrit François de Rugy au président de l'Assemblée nationale de l'époque, Claude Bartolone.

Dans les faits, le règlement de l'Assemblée nationale n'impose pas spécifiquement le port de la cravate. Voici ce qu'avait répondu le bureau de l'Assemblée nationale à François de Rugy, en 2008 :

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Confirmant, sur le rapport de M. le Président, le port obligatoire de la cravate dans l’hémicycle, le Bureau a souhaité rappeler à tous les membres de l’Assemblée la nécessité jusque-là observée d’avoir en toutes circonstances une tenue respectueuse des lieux.

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Selon la coutume, cette "tenue respectueuse" consiste en un costume et une cravate. C'est l'usage. Mais des exceptions sont tolérées comme en 1985 lorsque Jack Lang, alors ministre de la Culture, avait porté dans l'hémicycle un costume signé Thierry Mugler et composé d'un col Mao, sans cravate.  

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En 1997, le député PCF Patrice Carvalho était quant à lui arrivé en bleu de travail . Bloqué d’abord par les huissiers de l’Assemblée, l’élu avait fini par rentrer. "Je suis élu du peuple et j’entends siéger dans cette tenue. Et hop, j’ai lancé mes cent kilos et ils n’ont rien empêché", racontait-il dans le livre Le vestiaire des politiques (éd. Robert Laffont) :

La question se pose à la chambre basse. Elle se pose également à la chambre haute. En février 2015, ulcéré par le rejet de la part de ses collègues de sa résolution en faveur de l’interdiction d’insecticides nocifs pour les abeilles, le sénateur écolo du Morbihan Joël Labbé avait tombé la cravate en pleine séance . Shocking.

 

[EDIT 16h04] Ajout tweet de Sébastien Denaja

Du rab sur le Lab

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