TOUT FOUT LE CAMP – Un repaire de privilégiés digne de l’Ancien régime, le Sénat ? C’est une des critiques les plus courantes adressée à la Chambre haute du parlement. Une petite musique revenue en force ces derniers jours, sur fond d’appels à l’abolition de la vénérable institution venue des plus hautes autorités de l’Etat ou de reportages au vitriol de la télévision publique.
À l’inverse de la majorité de ses collègues, le sénateur écologiste Joël Labbé est pourtant de ceux qui considèrent que le Sénat aurait besoin d’un bon coup de dépoussiérant. Ulcéré par le rejet de la part de ses collègues de sa résolution en faveur de l’interdiction d’insecticides nocifs pour les abeilles, l’élu du Morbihan a tombé la cravate en pleine séance, ce mercredi 4 février. Une entorse majeure au protocole, qui impose son port dans l’hémicycle.
Regardez ce moment de subversion parlementaire, isolé par Public-Sénat (à partir de 1’02) :
Joël Labbé n’a en revanche pas poussé la rébellion jusqu’à ôter sa veste (ou ses bagues), elle-aussi obligatoire en séance.
Interrogé jeudi 5 février, le lendemain, sur la signification de son geste, le parlementaire a expliqué à l'édition du soir de Ouest-France :
"J'ai tombé la cravate, symbole de cette institution, pour dire qu'elle doit changer ses manières de faire et d'être (...). Peut-être que le personnage que je suis va y laisser des plumes en politique. Je ne veux pas être marginalisé. Mais je continuerai à agir en fonction de mes convictions.
"
Et de prévenir qu'il interviendra à nouveau sans cravate mardi 10 février au Sénat.
Fidèles à leur tradition libertaire, les Verts ont souvent cherché à bousculer le formalisme vestimentaire en vigueur dans les palais de la République. Qu’on se souvienne de ce conseil des ministres où Cécile Duflot avait fait irruption en jeans, s’attirant des réactions outrées à droite.
En 2008, François de Rugy, l’actuel chef de file des députés écologistes, avait plaidé auprès du président de l’Assemblée nationale l’abandon de l’uniforme "costume-cravate". Sans succès.
[Edit 19h31] - Ajout des commentaires de Joël Labbé à Ouest-France