Le dernier livre de confidences de François Hollande est, des mots de son Premier ministre Manuel Valls, un "suicide politique" . Après la parution d’Un Président ne devrait pas dire ça… (Stock), le Président s’est mis à dos les magistrats, dont il a dénoncé la "lâcheté", le monde du football, dont il estime que les joueurs, "des gosses mal éduqués", devraient prendre des "cours de musculation de cerveau". Au-delà des petites phrases qui ont fâché, il y a aussi ces révélations sur les "assassinats ciblés" de jihadistes, qui auraient dû, selon François Fillon, provoquer "un énorme scandale" d’État.
Jusqu’ici, ses adversaires politiques - et même jusqu’au dernier carré des fidèles - s’étaient surtout employés à dénoncer la teneur des propos de François Hollande. Ce lundi 24 octobre, Jean Glavany trouve deux autres coupables : les auteurs de l’ouvrage, Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Dans une note de blog au vitriol , le député PS des Hautes-Pyrénées accuse les deux journalistes du Monde d’avoir "pouss[é] le Président à la faute" pour se faire de l’argent :
"Je veux dire un mot de la prestation de ces 2 journalistes, que je ne connais pas. Ils vont gagner beaucoup d’argent, tant mieux pour eux, tant pis pour la morale. Ils savent très bien, ils savaient depuis le début qu’ils gagneraient d’autant plus d’argent qu’ils pousseraient le Président à la faute. Alors ils l’ont poussé, poussé, poussé… et il est tombé, tombé, tombé dans le piège.
"
L’ancien directeur de campagne de Lionel Jospin en 2002, qui se dit "accablé, décontenancé, en colère" contre la parution de ce bouquin, dénonce une "dictature de la transparence [...] détestable et dangereuse pour la démocratie". Il poursuit :
"Y céder, c’est mettre en péril les équilibres de celle-ci. Se mettre à 'nu' ne peut pas être un objectif en soi. Pudeur et dignité doivent être préservées !
"
Pour la rédaction de ce bilan du quinquennat, les journalistes Davet et Lhomme ont rencontré François Hollande à 61 reprises. Mais le Président a aussi reçu 32 fois Antonin André et Karim Rissouli pour leur ouvrage Conversations privées avec le Président. Ces multiples rendez-vous avaient suscité ironie de la part de son prédécesseur Nicolas Sarkozy : "Nous n'avons pas, François Hollande et moi, le même sens des priorités et la même conception de la fonction".