C'est une longue tirade très soigneusement préparée à l'avance et par laquelle François Fillon entendait répondre aux attaques et contre-carrer le débat sur les affaires judiciaires qui handicapent sa campagne présidentielle. Sachant le thème de "l'exemplarité en politique" au menu du premier débat entre les 11 candidats à la présidentielle, mardi 4 avril, l'ancien Premier ministre avait peaufiné son effet : il a ainsi abordé le sujet par le biais d'une anaphore qui ne pouvait que faire penser à celle de François Hollande en 2012, qui portait déjà en partie sur la morale en politique, tout en évacuant totalement son cas personnel.
Voici ce que François Fillon a déclaré :
"Qu'est-ce que c'est qu'un Président exemplaire ? C'est d'abord un Président qui dit la vérité aux Français sur la réalité de la France et la réalité du monde. Un Président exemplaire, c'est un Président qui met en oeuvre les engagementsqu'il a pris devant le peuple, quelles que soient les difficultés. Un Président exemplaire, c'est un Président qui respecte son Premier ministre, qui respecte le gouvernement et qui respecte l'équilibre des pouvoirs prévu par la Constitution. Un Président exemplaire, c'est un Président qui ne se sert pas des moyens de l'État pour affaiblir ses adversaires. Et un Président exemplaire enfin, c'est un Président qui ne confie pas à des journalistes des secrets-défense. Et pour finir, Un Président exemplaire, c'est un Président qui au bout de 5 ans, peut dire qu'il a amélioré la situation et la vie des Français.
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#LeGrandDebat "Un président exemplaire..." L'anaphore de François Fillon interrogé sur la morale en politique pic.twitter.com/zMdfFk7W5q
— RMC (@RMCinfo) 4 avril 2017
Relancé dans la foulée par la journaliste Ruth Elkrief, il a par ailleurs "refusé de répondre à toute question sur ce sujet" des affaires, contestant même avoir commis "des erreurs" , lui qui en a pourtant de son propre chef reconnu plusieurs depuis le début du Penelope Gate. Au final, accusé de pratiques immorales voire illégales, le candidat LR a usé ici de plusieurs dérivatifs pour les faire oublier et en pointer d'autres, qu'il présente comme étant plus graves encore.
Alors qu'il se savait en danger sur ce sujet (la suite du débat et Philippe Poutou l'ont démontré), l'ex-chef de gouvernement avait donc décidé de détourner l'attention de ses propres ennuis judiciaires et de contre-attaquer en ciblant François Hollande : "la vérité" qui n'aurait pas été "dite aux Français", les "engagements" qui n'auraient pas été "mis en oeuvre" et les "secrets-défense" divulgués à la presse concernaient en effet directement le chef de l'État actuel, tout comme cette nouvelle référence à peine voilée au fameux "cabinet noir" et au fait de "se servir des moyens de l'État pour affaiblir ses adversaires". À noter que Nicolas Sarkozy prend également un petit tir au passage, son ancien "collaborateur" rappelant que le Président doit "respecter son Premier ministre".
Mais si ce morceau de bravoure bien calibré deviendra sans nul doute une référence pour les partisans de François Fillon, ce sont bien Nathalie Arthaud et Philippe "Thug" Poutou qui auront le plus marqué les esprits mardi soir, avec leurs sorties fracassantes sur les affaires de François Fillon et Marine Le Pen. Pas certain donc que cette anaphore connaisse la même postérité que celle de François Hollande.
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