#PassionArchives - Une trop large majorité est-elle nuisible à la démocratie ? Beaucoup de responsables politiques le pensent depuis le premier tour des élections législatives et l'arrivée largement en tête de La République en marche. Des résultats qui devraient envoyer plus ou moins 400 députés macronistes à l'Assemblée, sur les 577 au total. Évidemment, ceux qui s'en inquiètent ne sont pas membres du parti d'Emmanuel Macron. Sauf... Emmanuel Macron himself, qui dénonçait l'éventualité d'une telle "super-majorité" pas plus tard qu'il y a quatre mois.
C'était lors d'un meeting à Angers le 28 février et l'archive a été déterrée par franceinfo mercredi 14 juin. Durant ce discours et comme depuis le début de sa campagne, le candidat fait l'éloge du "rassemblement" que son mouvement est en train de réaliser sur son positionnement "et de droite et de gauche". Un phénomène qui doit se traduire par "une majorité de coalition pour gouverner", dit-il, jugeant de toute façon impossible qu'un seul parti parvienne à constituer une majorité par lui-même. Mais ce jour-là, il va plus loin : il ajoute que cela serait peu démocratique, qualifiant cette hypothèse de "hold-up" :
Quand Emmanuel Macron parlait de "hold-up" à propos d'une majorité présidentielle "uniquement autour d'un parti" (28 février 2017 à Angers) pic.twitter.com/ORZo9KJGGX
— franceinfo (@franceinfo) 14 juin 2017
À revoir dans l'intégralité de ce discours, à partir de la 56e minute :
Voici ce qu'il disait dans le détail :
"Dans tous les sondages, aucun candidat ne fait résolument plus de 25%. Alors oui, y'en a qui ont des partis, des vieux partis, avec beaucoup d'intérêts. Mais est-ce que quelqu'un peut penser raisonnablement que, élu Président, il aura une majorité présidentielle uniquement avec son parti ? Moi je n'y crois pas. Mais non seulement ça n'est pas possible, mais ça n'est pas souhaitable ! Parce que ça serait un hold-up !
"
Alors certes, les candidats aux législatives investis par La République en marche viennent du MoDem, du PS, de LR, de l'UDI et même de la société civile, ce qui peut être considéré comme une ébauche de "coalition". Mais ils partagent bien la même et unique étiquette, d'où les critiques envers LREM, présenté comme un "parti unique" par certains de ses opposants.
On note donc tout de même que 1) Emmanuel Macron n'est pas toujours au top niveau pronos et 2) il vient de braquer la République, selon ses propres termes. Au vu des résultats de dimanche dernier et de ceux attendus de dimanche prochain, on peut raisonnablement douter que le même Emmanuel Macron, devenu président de la République, développerait aujourd'hui la même analyse.
Pourtant, et d'après des propos rapportés par Le Canard Enchaîné le 7 juin, il s'inquiétait quelque peu de l'avènement d'une majorité pléthorique et par conséquent difficile à tenir :
"Nous allons avoir beaucoup d'élus, presque trop, plus de 400, il va falloir les encadrer de près pour éviter le foutoir.
"
Mais toute notion de vol avait déjà disparu de son discours. Les temps changent...