Virées des réunions de groupes, les "petites mains" des députés PS se rebellent

Publié à 14h19, le 22 octobre 2013 , Modifié à 22h42, le 22 octobre 2013

Virées des réunions de groupes, les "petites mains" des députés PS se rebellent
Photo postée sur Twitter par Tav Livardjani

La décision, froide, implacable, a été annoncée par Bruno Le Roux, le président du groupe PS de l’Assemblée, mardi 22 octobre, à l’occasion de la réunion de groupe des élus socialistes à l’Assemblée : les assistants parlementaires des députés PS seront dorénavant persona non grata aux réunions du groupe socialiste à l’Assemblée, ainsi que le Lab vous le racontait en avant-première.

Thierry Mandon, député et porte-parole du groupe, interrogé sur le sujet à l’occasion de son point-presse hebdomadaire, a justifié cette décision en des termes un tantinet condescendants :

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Il s’agit "d’éviter les bruits de fond".

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Inscrite dans le cadre d’une opération autorité de Bruno Le Roux, cette décision veut également renforcer la cohésion du groupe, en évitant notamment les fuites dans la presse – et un raccourci est fréquemment effectué dans les esprits politiques, faisant des assistants parlementaires les sources privilégiées des journalistes.

Interrogé, un peu avant 15 heures, sur LCP, Bruno Le Roux a justifié :

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Il y avait des réunions qui étaient parfois un peu bizarres, avec des députés qui rentraient, qui n'arrivaient pas à s'asseoir, qui ne trouvaient plus de places, avec des salves d'applaudissements qui partaient ici ou là. 

Moi j'ai regardé comment se tenait le groupe ... On me dit toujours Pierre Joxe, Louis Mermaz, ben à l'époque, il n'y avait pas. 

Les réunions de députés, c'était pour les députés. 

Et les réunions de collaborateurs, c'était pour les collaborateurs. 

Eh bien, on va revenir à quelque chose de très simple : les députés vont se réunir, entre eux, et ensuite, ils feront partager ce qui a été pris comme décision, à leurs collaborateurs.

Ca me semble un fonctionnement sain et normal. 

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Sitôt annoncée, la décision de Bruno Le Roux a entraîné un flot de critiques exaspérés … de la part desdits assistants, sur twitter, mais également dans la vraie vie, puisqu’ils se réunissent physiquement, ce mardi, de 15h à 16h, dans une ambiance tendue : "On est au moins une centaine, genre boîte de sardines", raconte un participant, au Lab, confirmant ces photos postées sur Twitter par Tav Livardjani ou Sopgie Zana :  

 

Amandine Janiaud-Vergnaud, collaboratrice parlementaire d’Olivier Faure, l’un des "poids lourds" de la majorité parlementaire en raison de sa proximité avec le premier ministre Jean-Marc Ayrault, regrette ainsi :

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On sera privés de pas mal d'infos dont on a besoin !

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Avant de s’en prendre plus directement aux termes employés par Thierry Mandon

A la sortie de la réunion, un autre participant détaille au Lab l'état d'esprit des petites mains en colère, sous couvert d'anonymat :

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Nous ne voulons ni faire de vagues, ni mettre en porte-à-faux nos députés mais il est profondément vexant d'apprendre via Twitter que nous sommes désormais interdits de cette réunion de travail très utile pour nous. Nous ne voulons pas non plus être les boucs émissaires de la crise que connaît le gouvernement.

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Ambre Cerny, assistante parlementaire du député PS de la Gironde, Vincent Feltesse, juge que la décision témoigne d’un problème de "confiance" : 

Louis Lepioufle, qui travaille aux côtés de l’élue PS Axelle Lemaire, préfère convoquer l’ironie et les fausses infos à peine imaginaires du Gorafi : 

Le député socialiste Christophe Castaner envoie de son côté un petit message de soutien aux assistants parlementaires, expliquant que des "réunions avec les seuls assistants parlementaires (seront) peut-être plus drôles que (celles des députés)" :

Mehdi Ouraoui, le directeur de cabinet du premier secrétaire du PS, Harlem Désir, tente, de son côté, en usant de la carte de l'humour, de lier révolte des assistants parlementaires et intervention de François Hollande sur le dossier Leonarda :

Et ainsi de suite, notamment sur le hashtag #moicollab

Ironie de l’histoire ? La décision de priver les assistants parlementaires de réunion de groupe a été annoncée à l’occasion d’une réunion …. à laquelle ils n’étaient pas conviés, et dont plusieurs médias, dont le Lab, ont néanmoins rendu compte.

Autrement dit : ce ne sont pas les assistants parlementaires qui l’ont raconté … 

D’où ce tweet agacé et ironique de Marianne Darmon, interpellant le Lab :

 >> Pour aller plus loin sur le métier d'assistant parlementaire, voir cet article de Contexte, sur le quotidien de ces "petites mains".

Du rab sur le Lab

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